Il faut appeler un chat, un chat : les résultats des élections européennes renforcent le populisme, l’extrémisme et le racisme dans le « vieux continent ».
La victoire des formations politiques dirigées par Marine Le Pen, Matteo Salvini et Nigel Farage est une alerte sérieuse pour tous les démocrates européens et partisans du triomphe des idées universalistes de respect des droits de l’homme, d’ouverture, de dialogue et de promotion de la diversité culturelle.
Le paradoxe est que ce sont des hommes et des femmes, vent debout contre l’intégration économique européenne, qui attirent le plus grand nombre de voix, dans une élection pour le Parlement européen.
En toute logique, un pro-Brexit, comme Nigel Farage ne devrait pas se présenter à une élection…européenne. Pour être fidèle à ses propres convictions anti-européennes. Marine Le Pen et Matteo Salvini auraient dû boycotter le Parlement de Strasbourg, pour rester cohérents avec leur rejet de l’Union européenne et de Bruxelles.
Mais, les critiques acerbes se conjuguent aussi avec la cupidité : les salaires de député européen, les avantages divers et variés, le recrutement d’assistants parlementaires et…les malversations qui vont avec. Le Front national (devenu rassemblement national) est condamné à rembourser 300 000 euros à Bruxelles.
L’Europe est bien une vache laitière qu’on peut dénigrer, tout en profitant de ses largesses. Il suffit de tromper les électeurs, en leur vendant une idéologie anti-immigrés, à la sauce raciste qui attise les peurs et ne repose sur aucune base réelle.
Les immigrés ne sont pas la cause des difficultés du continent ; ils apportent une force de travail nécessaire à l’économie européenne et participent au renouveau démographique impératif pour un continent vieillissant. Il suffit de regarder les terrains sportifs et les taux de natalité des différents pays, pour se rendre à l’évidence.
Ceux qui ont voté pour les extrémistes ont peur du déclassement et de l’avenir. Ils sont à la traine dans un monde qui est en pleine mutation technologique, et numérique où ils n’ont plus ni repères ni espoir. Ils deviennent réactionnaires, au sens propre du terme. Mais ne pourront arrêter la mer du changement avec leurs lamentations.
Pourtant, dans l’immédiat, il faut s’inquiéter car le Rassemblement national qui gagne en France, avec plus de 23% des voix, devant La REM 21,9%, car cette victoire pourrait redonner des ailes à Marine Le Pen qui a étalé son incompétence lors du débat face à Macron, lors du deuxième tour de la présidentielle française.
Il faut continuer de croire que jamais Mme Le Pen ne sera élue à l’Élysée. Mais une telle certitude n’est-elle pas ébranlée aujourd’hui ?
Des pays comme l’Italie, l’Autriche ou la Hongrie ont fait le saut et les élections européennes prolongent la dynamique : le groupe nationaliste, Europe des nations et des libertés (partisans de Salvini et Marine Le Pen) réalise un score historique avec 57 sièges (une progression de 21 sièges par rapport à 2014). Les Europhobes et populistes « Europe de la Liberté et de la Démocratie » (mouvement italien 5 étoiles et partisans de Nigel Farage, pro-Brexit) passent de 42 à 56 sièges.
Finalement le seul réconfort pour les démocrates authentiques est la percée des VERTS qui sont deuxièmes en Allemagne et troisièmes en France, devançant LR (les Républicains), et totalisant 70 sièges au Parlement européen.
L’analyse politique des résultats va s’affiner, avec la formation définitive des groupes parlementaires et les choix des leaders. Il ne faut, peut-être pas désespérer de l’Europe où la percée des populistes, extrémistes et autres racistes augurent de lendemains obscurs.
Mais, il ne faut jamais oublier que les peuples sont imprévisibles et que la « démocratie est le pire des systèmes, à l’exception de tous les autres ».