L’ex-ministre congolais de la Santé Oly Ilunga a été arrêté samedi à Kinshasa. Il est soupçonné de détournement d’une somme de plus de 4 millions de dollars alloués à la lutte contre l’épidémie d’Ebola en RD Congo.
« La police lui reproche d’avoir détourné la somme totale d’environ 4,3 millions de dollars américains mise à [sa] disposition par le trésor public de la RDC pour lutter contre Ebola », écrivent ses avocats Guy Kabeya et Willy Ngashi, dans un communiqué.
Selon la défense, « plus de 1,9 million de dollars américains de cette somme ont été décaissés en un mois après la démission du Dr Ilunga de manière qu’il ne peut nullement en répondre ».
« Pour le reste, soit 2,4 millions de dollars, les pièces comptables attestent que cette somme a exclusivement été utilisée aux fins de la lutte contre la maladie à virus Ebola », ajoute le communiqué.
Le Dr Ilunga a été placé en garde à vue samedi à Kinshasa. La police a indiqué qu’il serait présenté lundi au parquet général près la cour de cassation. Visé par une enquête judiciaire. Il avait été interpellé et entendu fin août par la justice avant d’être interdit de sortie du territoire de la RDC.
La police l’a accusé de vouloir quitter le pays clandestinement en passant par le Congo-Brazzaville « aux fins de se soustraire des poursuites judiciaires ». « Le Dr Ilunga n’a jamais tenté de quitter le territoire national pour gagner le Congo-Brazzaville », a réagi sa défense, citée par l’AFP.
Nommé ministre de la Santé par l’ancien président Joseph Kabila en décembre 2016, Ilunga a démissionné le 22 juillet 2019 en pleine crise de l’épidémie de la maladie à virus Ebola qui sévit en RDC depuis août 2018.
Il s’estimait désavoué par le nouveau président, Félix Tshisekedi, qui lui avait retiré la conduite de la riposte contre Ebola. Tshisekedi a confié la coordination de la lutte contre Ebola à Jean-Jacques Muyembe, directeur de l’Institut congolais de la recherche biomédicale de Kinshasa (INRB).
Avant sa démission, l’ex-ministre Ilunga s’était aussi opposé à l’introduction d’un deuxième vaccin anti-Ebola, produit du laboratoire belge Janssen, filiale de l’Américain Johnson&Johnson. L’épidémie qui touche actuellement trois provinces de l’est de RDC a fait 2.071 décès pour 3.084 cas enregistrés, selon le dernier bilan publié vendredi. Cette dixième épidémie d’Ebola sur le sol congolais depuis 1976 y est la plus meurtrière.