Le Président français Emmanuel Macron entame depuis dimanche 27 janvier 2019 une visite officielle de trois jours en Égypte. Cette visite se déroule dans un contexte où la France vit, à sa manière, son printemps arabe, alors que le Maréchal Abdel Fattah Al-Sissi d’Égypte est confronté à d’intenses critiques concernant les violations flagrantes et répétées des droits de l’Homme au pays des Pharaons.
Au même moment, la centaine d’hommes d’affaires qui accompagnent le président français s’attendent à signer des contrats juteux avec le pays arabe qui jouit de la plus forte démographie.
Le président français Emmanuel Macron entame depuis le 27 janvier une visite officielle de 3 jours en Égypte. La première étape fut un passage remarqué au temple d’Abou Simbel, l’un des sites archéologiques emblématiques du pays, avant de se rendre en fin de journée au Caire.
Il est accompagné d’une délégation forte de cinq membres du gouvernement et d’une centaine de patrons d’entreprises. Le contexte est assez particulier, aussi bien pour Macron dont on dit qu’il prépare sa campagne pour les élections européennes du mois de mai prochain, que pour le Président Al-Sissi qui gère un géant démographique, dans un environnement, marqué par la lutte contre le terrorisme et le combat pour l’émergence économique.
Lors de la conférence de presse conjointe, tenue hier par les deux présidents, les journalistes n’ont pas manqué d’évoquer des questions qui fâchent : Macron veut-il sacrifier le principe sacro-saint de la défense des droits de l’Homme sur l’autel des intérêts économiques ? Al-Sissi se laissera-t-il taper sur les doigts par un Macron qui massacre tout autant ses révoltés des “Gilets jaunes” ? La France va-t-elle se hasarder à nouveau à s’immiscer dans le bourbier libyen après avoir échoué de faire bouger le dossier de la réconciliation en 2017 ?
Autant de questions pour lesquelles, les deux présidents Macron et Al-Sissi n’avaient pas de réponses précises. En dépit des atermoiements inévitables, Macron a su tirer son marron du feu en évoquant, certes beaucoup plus timidement que d’habitude, la lancinante question du respect des droits de l’Homme “intimement liée aux efforts de développement économiques“, a-t-il souligné.
Pour sa part, Al-Sissi a répliqué énergiquement en rétorquant sans ambages que ” l’Égypte vit dans une zone particulière de turbulences, ce qui implique des attitudes différentes de celles qu’on aurait adoptées en Europe “, précise-t-il.
Ces circonstances complexes n’ont pas pourtant empêché les deux parties de signer des accords économiques importants d’une valeur de près d’un milliard d’euros. C’est ainsi que l’Égypte et la France ont signé un accord de partenariat stratégique en matière de développement socioéconomique pour la période 2019-2023, un autre accord de financement d’un montant de 6 millions d’euros pour la protection sociale et un autre accord portant appui budgétaire de 2 millions d’euros en faveur de l’Égypte.
Les deux parties ont aussi paraphé un accord de financement de 50 millions d’euros pour le soutien des petites et moyennes entreprises. Un mémorandum d’entente portant sur le financement de la 4ème tranche du métro du Caire d’une valeur de 336 millions d’euros a été également signé, de même qu’un autre mémorandum d’entente relatif à la formation et le renforcement des capacités des jeunes égyptiens.
Une déclaration d’intention a été parallèlement signée entre le ministère égyptien de la Santé et le ministère français des Affaires étrangères ainsi qu’un accord-cadre portant réhabilitation de l’université française d’Égypte et le renforcement de la coopération académique, culturelle, scientifique et technique. Des contrats d’armement, moins visibles, auraient été signés, loin des regards indiscrets des médias. En somme, un voyage pénible, mais économiquement fructueux.