Le principal parti de l’opposition au Parlement camerounais, le Social Democratic Front (SDF), a exigé dans un communiqué une « amnistie générale » des détenus liés à la crise séparatiste de l’ouest anglophone et « un cessez-le-feu » avant de participer au « grand dialogue national » proposé par le président Paul Biya.
Lors d’une rencontre avec le Premier ministre, le parti a transmis « des conditions préliminaires pour (sa) participation à ce dialogue national inclusif tant attendu », selon le SDF. « Nous avons relevé sans équivoque que le dialogue national inclusif annoncé ne saurait efficacement prospérer sans un environnement serein à savoir : la déclaration d’un cessez-le-feu et la garantie d’une amnistie générale pour tous ceux impliqués à quelque niveau que ce soit dans la crise anglophone », indique le parti.
Le vice-président du SDF Joshua Osih a cependant nuancé ce texte dans un entretien avec l’AFP: « il s’agit de propositions, il ne faut pas chercher à les qualifier mais il nous semble évident que cela est fondé », a-t-il expliqué. « Nous avons parlé de notre vision du dialogue, à eux de réagir à moins qu’ils ne veuillent un monologue ».
Après avoir fait preuve d’intransigeance, le président Biya a « convoqué » mardi dans un rarissime discours à la Nation, un « grand dialogue national » pour tenter de mettre fin à la crise.
Dans son communiqué, le SDF demande également que le dialogue « soit présidé par une personnalité neutre », et non pas par le Premier ministre comme annoncé par le président Biya dans son discours. Selon le parti d’opposition, « la forme de l’État » devra y être discutée « en vue de l’adoption d’une nouvelle constitution », et «les forces de défenses de sécurité » doivent en être exclues.
Des groupes armés sécessionnistes affrontent l’armée dans des combats meurtriers depuis fin 2017 dans les deux régions anglophones du Nord-Ouest et du Sud-Ouest, réclamant la création d’un état indépendant dans ces territoires où réside la plus grande partie de la minorité anglophone camerounaise.