Premier chef d’État élu le 21 décembre 2014 au suffrage universel démocratique de la Tunisie, le président tunisien Béji Caïd Essebsi nous a quitté aujourd’hui à l’âge de 93 ans. Avocat de formation et fondateur en 2012 du parti « Nidaa Tounes », Béji Caïd Essebsi, est mort quelques mois seulement avant la fin de son mandat présidentiel, a annoncé la présidence tunisienne ce jeudi dans un bref communiqué.
Proche, puis un disciple de leader Habib Bourguiba dès l’indépendance de la Tunisie, le défunt s’est vu confié les ministères de l’Intérieur et de la Défense avant de prendre ses distances avec le travail politique en 1994. Consacrant son parcours à son métier d’avocat, il a rapidement repris position dès le déclenchement de la révolution du Jasmin. Il a été d’ailleurs nommé, en février 2011, Premier ministre après la Révolution, ce qui lui a permis de baliser le chemin vers une transition démocratique réussie.
À son crédit, il a mené le pays vers les premières élections libres de son histoire, en octobre 2011, remportées par le parti Ennahdha. Il a participé l’année suivante à la création du parti Nidaa Tounes, assemblage hétéroclite d’hommes d’affaires, universitaires, syndicalistes et sympathisants de l’ancien régime unis par leur opposition à Ennahdha.
Incontestablement, c’est sous sa présidence que le pays a cherché à sortir d’une longue et difficile période de transition, qui a souvent rencontré des vents contraires, des menaces terroristes rémanentes, des difficultés économiques persistantes et des tensions sociales permanentes. La situation géostratégique et régionale, instable et incertaine (Libye puis l’Algérie), ne l’a pas été d’un grand secours pour réaliser son rêve, restaurer le prestige de l’État tunisien et redonner au pays l’aura qu’il a perdu.
En homme d’État, fortement imbu des valeurs républicaines et démocratiques, Béji Caid Essebsi a bénéficié, dès les premiers jours de son investiture en 2011 à la primature, d’un fort capital d’estime et de soutien de la communauté internationale. Il a été souvent l’invité d’honneur du G8 (26 et 27 mai 2011 à Deauville), du G7 de Taormina (Italie) en mai 2017 ou en juillet de la même année au G20 de Hambourg.
Son combat pour le développement de la Tunisie, la préservation de sa sécurité et de sa stabilité et surtout pour la promotion de sa singularité en matière des droits et libertés, de défense des valeurs de tolérance et d’ouverture, ne datent pas d’aujourd’hui. Il trouve sa source dans un parcours long et atypique et d’une expérience, dans la gestion des affaires publiques de son pays, d’une extrême richesse.