Face aux pressions internationales, le président Paul Biya se dit prêt à organiser un dialogue pour résoudre la crise anglophone au Cameroun. Une ouverture tranchant avec l’intransigeance affichée jusque-là par Yaoundé, qui exclut cependant toujours toute discussion sur la partition du pays comme le prônent les séparatistes.
« Le président m’envoie dire aux populations du Nord-ouest que, hormis la séparation et la sécession, tout sujet politique peut être discuté et il se prépare à le faire », a annoncé le Premier ministre Joseph Dion Ngute. Ce dernier est en tournée dans les régions anglophones depuis jeudi. Le président est « en train d’organiser des rencontres » dans le cadre de ce dialogue, a révélé M. Dion Ngute, sans en préciser les contours ni l’agenda.
De son côté, depuis trois semaines, Paul Biya multiplie les déclarations sur Twitter, appelant à l’unité et à la paix. « Depuis le début de la crise, c’est la première fois que Yaoundé se déclare aussi directement ouvert au dialogue », souligne Hans de Marie Heungoup, chercheur à l’International Crisis Group (ICG) sur l’Afrique centrale, cité par l’AFP.
Les déclarations de Yaoundé interviennent alors que les pressions internationales exercées sur le pouvoir camerounais se sont intensifiées ces derniers mois. Début février, par exemple, les États-Unis ont mis un terme à plusieurs programmes d’aide militaire et sécuritaire. De son côté, le Parlement européen a adopté mi-avril une résolution invitant les autorités camerounaises à « mettre un terme » de façon urgente « aux violences ».
Lundi, une réunion du conseil de sécurité de l’ONU sur la situation humanitaire au Cameroun doit se tenir à New-York.
La crise, qui a déjà contraint 530.000 personnes à fuir leur domicile, a commencé en novembre 2016, avec essentiellement des revendications d’enseignants ou de juristes, réclamant plus de représentativité anglophone.
Les leaders de la contestation demandaient en majorité un retour au fédéralisme et, pour une minorité, l’indépendance et la proclamation d’un nouvel État, l’Ambazonie.
Mais face à l’intransigeance de Yaoundé et à la répression des manifestations pacifiques, le conflit s’est durci. Fin 2017, une partie des séparatistes ont pris les armes contre Yaoundé. Depuis, des combats opposent presque quotidiennement l’armée, déployée en nombre, à des groupes épars de séparatistes armés cachés dans la forêt.