Le porte-parole de la présidence gabonaise, Ike Ngouoni, est en détention à Libreville. Et ce, tout comme une vingtaine de personnes mises en garde à vue dans le cadre d’une enquête anticorruption.
Ike Ngouoni est détenu depuis jeudi « sans aucun motif exposé », affirme son avocat, Anges Kévin Nzigou, cité par l’AFP. Il représente une dizaine d’autres personnes arrêtées qui sont, selon lui, toutes interrogées sur le financement de « la tournée républicaine » menée il y a quelques mois par Brice Laccruche Alihanga, alors directeur de cabinet de la présidence.
Alihanga avait sillonné le pays durant l‘été, multipliant les réunions politiques où il s’exprimait au nom du président Ali Bongo, affaibli par un accident vasculaire cérébral (AVC) en octobre 2018.
Des observateurs avaient alors estimé que le directeur de cabinet avait pris l’ascendant dans le jeu politique gabonais. Mais les cartes du pouvoir ont été soudainement rebattues le 7 novembre, quand il avait été écarté de la présidence pour être nommé au poste de ministre chargé du suivi de la « Stratégie des investissements humains et des objectifs de développement durable ».
C’est après cette mise à l’écart que les arrestations se sont multipliées. L’Union, quotidien gabonais pro-gouvernemental, cite notamment des patrons d’entreprises publiques, comme l’ancien directeur général de la Caisse nationale d’assurance maladie (CNAMGS), Renaud Allogho Akoue, ou l’ex-patron de la Société équatoriale des mines (SEM), Jérémy Ayong.
De son côté, Laccruche Alihanga n’a pas été directement mis en cause. Vendredi, lors d’un conseil extraordinaire de la magistrature, le président a affirmé « la nécessité d’intensifier la lutte contre la corruption ».
À l’occasion de ce conseil, le procureur de Libreville, Olivier N’Zahou, a été muté. Il avait notamment collaboré avec Laccruche Alihanga sur le dossier du « kevazingogate », quand la saisie de centaines de conteneurs de bois précieux de kevazingo avait provoqué un scandale politique.
À l’issue d’un conseil extraordinaire de la magistrature mené par le président vendredi, le procureur a perdu son poste prestigieux au tribunal de première instance de Libreville pour être envoyé comme avocat général dans la ville de Franceville, à l’autre bout du pays. Plusieurs hauts responsables des services de sécurité et de renseignement gabonais ont également été remplacés, avait annoncé le quotidien L’Union samedi.