Les Émirats Arabes Unis (EAU), un des pays phare du Conseil de Coopération des États arabes du Golfe (CCG) brille par le dynamisme de sa coopération avec la plupart des pays à travers le monde. C’est dans ce cadre que les EAU ont entrepris depuis quelques décennies des efforts soutenus envers le continent africain, notamment l’Afrique Subsaharienne.
Soucieux de développer un leadership certain à travers le monde, les Émirats arabes unis ont très tôt compris la place primordiale qu’occupe le continent africain dans un monde globalisé où les ressources naturelles et le poids démographique jouent un rôle stratégique évident.
Unis par l’islam en général et l’école malikite en particulier, les Émirats Arabes Unis et l’Afrique de l’Ouest sont déjà liés par la foi en Dieu, la culture et le commun vouloir de répondre “présent” au rendez-vous universel « du donner et du recevoir ».
Au plan diplomatique, la Fédération des Émirats Arabes Unis, composés de sept(7) imârâts, a occupé, dès sa création en 1971, une place de choix dans le concert des nations. C’est ainsi que la jeune Fédération a adhéré à la Ligue arabe, aux Nations unies, à l’Organisation pour la Coopération islamique, tout comme elle a été membre fondateur du Conseil de Coopération des États arabes du Golfe.
Très tôt, les EAU se sont rapprochés de l’Afrique Subsaharienne, en ouvrant une ambassade à Dakar, en Guinée Conakry et au Nigeria, alors que celle du Mali sera ouverte dans près de quatre mois, au moment où l’ambassadeur des Émirats au Sénégal également accrédité en Côte d’Ivoire a fini de présenter ses lettres de créances auprès du président de la République de Côte d’Ivoire,S.E. Alassane Ouattara.
Il est bon de rappeler que les EAU disposent de représentations diplomatiques en Éthiopie, en Afrique du Sud, au Kenya, au Rwanda, au Tchad et en Tanzanie, sans compter celles qui sont déjà ouvertes dans l’ensemble des pays du Maghreb arabe, en plus de la Somalie et du Soudan.
Au plan social, les Émirats Arabes Unis fournissent des aides conséquentes aux pays africains par le biais de ses ambassades et Organisations humanitaires, telles : Human Appeal International, Dâroul Birr, le Croissant rouge émirati, etc…
Des programmes d’aide d’urgence, la construction de mosquées et d’écoles, la construction et la prise en charge d’orphelinats, les forages de puits et les opérations de tabaski à l’occasion de l’aïd al adhâ, sont régulièrement exécutés dans différents pays du continent africain. Compte tenu de sa politique d’ouverture et de fraternité envers l’Afrique, beaucoup d’écoles arabo-islamiques notamment au Sénégal et au Mali portent aujourd’hui le nom de Sheikh Zayed Al Nahyan, premier chef d’État des Émirats Arabes Unis, dont la générosité légendaire a laissé des traces indélébiles partout dans cette zone d’Afrique.
Au plan économique et des investissements, des progrès notables ont été notés.
Du 1er au 2 novembre 2017, s’est tenue à Dubaï la 4ème édition du Forum économique mondial sur l’Afrique, organisé par la Chambre de Commerce et d’Industrie de Dubaï.
L’événement a réuni des participants de haut niveau, tels que S.E. Paul Kagamé, président de la République du Rwanda, S.E Danny Faure, président de la République des Seychelles, S.E. Yoweri Museveni, président de la République d’Ouganda, S.E. Ameenah Gurib-Fakim, président de la République de Maurice, et S.E. Edgar Lungu, président de la Zambie, ainsi des ministres, de hauts responsables gouvernementaux, des jeunes entrepreneurs africains, et des experts dans les secteurs économiques et industriels.
Outre les chefs d’État, cet événement de deux jours a accueilli également un grand nombre de ministres, venus de différents pays africains, dont le Bénin, le Burkina Faso, la Gambie, le Ghana, le Malawi, le Mali, le Nigeria, le Rwanda, le Soudan, l’Ouganda et la Zambie.
Prenant la parole durant ce forum, le président de la Chambre de commerce et d’industrie de Dubaï, Hamad Buanim, a déclaré : « l’Afrique est la région qui a la plus forte croissance au monde. Le continent africain offre des opportunités d’investissement de plusieurs dizaines de milliards de dollars notamment dans les infrastructures et l’énergie », fait remarquer M. Hamad Buamim.
Les participants du Global Business Forum on Africa ont exprimé leur volonté de saisir cette opportunité. Il est ainsi indiqué que « Le nombre d’entreprises africaines enregistrées à Dubaï a enregistré une croissance de 41% entre 2015 et 2016, tandis que le volume des échanges commerciaux entre les Émirats arabes unis et l’Afrique s’élève à 35 milliards de dollars et connaît chaque année une augmentation fulgurante à deux chiffres », selon les spécialistes.
Il s’ajoute à cela un investissement de 16 milliards de FCFA, consenti par les Émirats au Mali pour la réalisation de logements sociaux. En dehors des engagements émiratis pour l’ensemble des pays africains, il importe de préciser qu’un intérêt, de plus en plus accru, est accordé aux pays membres de l’UEMOA , ce qui explique que la firme Trojan General Contracting, une succursale du Royal Group du Sheikh Tahnoun Ben Zayed Al Nahyan ait consenti l’investissement substantiel de 16 milliards de dollars pour les infrastructures dans un pays, membre de la zone UEMOA.
Tout comme la filiale émiratie du Groupe Essar s’était également engagée pour investir 1,98 milliard de dollars dans des projets d’infrastructures routières, portuaires, aéroportuaires et énergétiques au Bénin, en Guinée Bissau et au Niger.
Dans le domaine portuaire, Dubaï Port World a prouvé son leadership en matière de management des ports via sa présence remarquable datant de plus d’une dizaine d’années au Port de Dakar, avec un investissement de 125 milliards de FCFA en 2017 pour hisser la structure au niveau des ports futuristes.
Perspective
Il urge cependant pour ce pays du Golfe, de mieux cibler son intervention en Afrique où il bénéficie nettement d’une longueur d’avance, par rapport à son voisin, le Qatar, par exemple. Il s’agira, pour ce faire, de capitaliser sur l’aura extraordinaire dont a bénéficié Sheikh Zayed Al Nahyan auprès des populations africaines et particulièrement auprès de la classe intellectuelle arabophone.
Sur un tout autre plan, il faut souligner qu’avec l’émission récente de Sukuk (obligations islamiques) sur le marché financier international, par le Sénégal et la Côte d’Ivoire, l’Afrique s’ouvre davantage aux capitaux arabes et tente d’intégrer la finance islamique qui a fait des bonds remarquables notamment dans la zone UEMOA, où le Sénégal, en collaboration avec la Banque islamique de Développement (BID) vient de mettre sur pied, par décret présidentiel, une Haute Autorité du Waqf qui devra s’étendre très prochainement dans les autres pays de l’Afrique de l’Ouest.
Au niveau de la BRVM (Bourse régionale des Valeurs mobilières) d’Abidjan, des efforts soutenus sont fournis pour développer des produits de finance islamique au sein de l’institution.
Pour toutes ces raisons, des pays arabes, comme les Émirats Arabes Unis, sont appelés à investir le marché africain, d’autant que des pays de la Zone UEMOA, à l’instar du Sénégal, s’apprête à mettre en valeur leurs gisements gaziers et pétroliers d’ici 2021-2022.
Au vu de toutes ces opportunités, on pourrait s’attendre ce que des politiques et programmes plus hardis soient élaborés en vue de booster la coopération économique et financière, qui devrait, pour rester viable dans un marché hautement concurrentiel, s’adosser à un socle socioculturel solide, dont le substrat pourrait être une appartenance commune à l’école malikite.