La convocation par le président Emmanuel Macron d’une réunion de “clarification” avec les pays du G5-Sahel, suscite la polémique.

En déclarant depuis le sommet à Londres qu’il invite les 5 chefs d’État membres du G-5 Sahel pour une séance d’explication à Pau (France) le 16 décembre 2019, le président Emmanuel Macron semble donner raison au Président turc Recep Tayyip Erdogan qui répliquait à une prise de position de Macron sur l’intervention turque au nord de la Syrie en ces termes :  « Personne ne fait attention à toi. Tu as encore un côté amateur, commence par remédier à cela… » !

Ce côté “amateur” de Macron que souligne Erdogan ressurgit dans son appel aux chefs d’État africains pour une réunion à Pau. Macron essuie certes d’acerbes critiques venant de l’intérieur comme de l’extérieur de son pays, dénonçant un interventionnisme français notamment dans des pays qui appartenaient jadis à ce que l’on appelait le pré-carré français postcolonial.

Elles sont dictées par un discours français paternaliste qui refuse de se moderniser. En dépit des déclarations d’intention, Macron n’a pas changé d’approche. La condescendance, l’arrogance et le mépris continuent à teindre plus que jamais le discours des maîtres gaulois à l’endroit de l’Afrique.

Quand Macron s’adresse depuis Londres à ses homologues chefs d’État des G-5 Sahel en ces termes : ” Ils nous doivent la clarté et le fait qu’ils nous demandent d’être là et qu’ils l’assument. Il faut que ce soit très clair et assumé par tout le monde, et pour le moment ce n’est pas suffisamment le cas “, il fait volontairement entorse aux règles basiques du langage protocolaire et diplomatique.

Il en a d’ailleurs pressenti les échos, lorsqu’il déclare séance tenante : ” Ce n’est pas une menace. J’ai besoin de ces clarifications pour continuer à maintenir la présence française “, a-t-il précisé.

La bienséance aurait exigé de Macron une consultation préalable avec ses collègues chefs d’État africains avant de faire une telle déclaration tonitruante ou qu’il vienne les rencontrer quelque part dans le Sahel notamment à Bobo Dioulasso (au Burkina), à Zinder (au Niger) ou à Boutilimit (en Mauritanie), au lieu de les convoquer via les médias dans le froid glacial des Pyrénées-Atlantiques où ils risquent de grelotter sous les rafales rugueuses du mois de décembre.

Le tollé qu’a déjà suscité la convocation de Macron est essentiellement dû, moins au contenu du message qu’à sa forme manifestement inappropriée. Certains analystes candides ramènent les dérapages de langage du président Macron à son jeune âge et surtout à son manque d’expérience d’homme d’État, mais pour les puristes, Macron serait victime d’une condescendance née d’un complexe néocolonial têtu.

Il est vrai que la complaisance coupable de certains chefs d’État africains qui évitent de le heurter participe à la perpétuation de cette attitude répréhensible.
L’opinion publique africaine suit avec beaucoup d’intérêt, ce que sera la réponse des cinq chefs d’État sahéliens, le 16 décembre 2019, aux injonctions qui frisent l’arrogance, du président français Son Excellence Emmanuel Macron.