Pour la 18ème journée de mobilisation, les Algériens étaient nombreux à manifester ce vendredi 21 juin avec des emblèmes de leur identité régionale. La police a procédé à plusieurs interpellations parmi les manifestants, notamment ceux qui brandissaient le drapeau berbère.
Lors des manifestations vendredi, plusieurs personnes porteuses du drapeau berbère – constitué de trois bandes horizontales bleue, jaune et verte et frappé au centre de la lettre Yaz de l’alphabet tifinagh – ont été interpellées de façon ciblée.
Le général Gaïd Salah a averti, deux jours avant, que les forces de l’ordre avaient pour consigne de s’assurer qu’aucun autre drapeau que l’emblème national ne serait brandi dans les manifestations. Le général est le véritable homme fort du pays depuis que le président Abdelaziz Bouteflika a été contraint à la démission le 2 avril par ce mouvement de contestation inédit.
Tous les Algériens ont compris qu’était spécifiquement visé le drapeau berbère, très présent dans les manifestations depuis le 22 février, alors que la question identitaire est un sujet extrêmement sensible en Algérie.
Dans la matinée de vendredi dernier, une quarantaine d’hommes, essentiellement des jeunes, ont été interpellés par les nombreux policiers en civil ou en tenue, déployés dans les rues autour de la Grande Poste, bâtiment emblématique du cœur de la capitale algérienne. La plupart de ceux arrêtés ne portaient ni drapeaux ni pancartes.
Les policiers ont récupéré les pièces d’identité et les téléphones portables, avant de les fouiller et de les faire monter dans des fourgons, selon l’AFP.
Des témoins ont fait état d’interpellations dans les rues adjacentes dès 06H00 (05H00 GMT). Au moins six fourgons pleins avaient déjà quitté les lieux dans la matinée en direction de postes de police. Durant plusieurs vendredi, la police procède à des arrestations matinales puis relâche les manifestations en fin de journée.
Depuis le 22 février, les Algériens descendent massivement chaque vendredi dans les rues du pays, notamment à Alger, pour réclamer un changement du “système” politique en Algérie.
Les manifestations sont strictement et totalement interdites dans la capitale depuis 2001, mais elles ont été jusqu’ici largement tolérées par la police, débordée par le nombre et qui se contente habituellement de contenir le défilé dans un périmètre défini.