L’Algérie se prépare à un 20ème vendredi consécutif de manifestations appelées à être massives, une nouvelle journée test pour la contestation et le pouvoir deux jours après une proposition du président par intérim pour sortir le pays de la crise.
Cette journée coïncide avec le 57ème anniversaire de l’indépendance du pays. Des personnalités de la société civile et politiques en ont profité pour appeler à faire du 5 juillet « la concrétisation de la libération de l’Homme, après la libération de la patrie » du pouvoir colonial français en 1962.
La journée sera également un test pour la contestation, après un appel à des manifestations « massives » lancé par le célèbre avocat et défenseur des droits humains, Me Mustapha Bouchachi, ainsi que par le diplomate et ex-ministre Abdelaziz Rahabi et d’autres personnalités.
Le président par intérim Abdelkader Bensalah avait proposé mercredi la création d’une instance de dialogue pour organiser une présidentielle et promis que l’État et l’armée observeraient une « stricte neutralité » au cours du processus.
La présidentielle, initialement prévue le 4 juillet et rejetée par les manifestants, a été annulée faute de candidat. Et alors que le délai de 90 jours prévu par la Constitution pour l’intérim expire théoriquement dans les prochains jours, Bensalah a dit qu’il resterait à son poste jusqu’à l’élection d’un nouveau président.
Partis d’opposition, société civile et observateurs attendent de voir comment cette proposition va être accueillie par la rue et concrétisée car aucun nom n’a été avancé à ce stade pour le dialogue.
Selon le site indépendant TSA (Tout sur l’Algérie), le nouvel appel risque aussi d’être rejeté « si les autorités ne s’empressent pas d’annoncer des mesures concrètes d’apaisement ».
Pour la contestation et de nombreux observateurs, le président par intérim n’est pas le détenteur du pouvoir réel, assumé par le général Gaïd Salah, qui avait refusé les revendications de la contestation. L’armée a été remise au centre du jeu politique après avoir poussé M. Bouteflika à la démission.
Amnesty International a appelé les autorités à libérer « immédiatement et sans condition » les manifestants détenus et à « respecter les droits à la liberté d’expression, d’association et de réunion pacifique pendant les rassemblements ».
Selon TSA, le discours de M. Bensalah ne répond pas aux exigences de la contestation réclamant la fin “du musellement et de la restriction des libertés“. Mardi, des étudiants ont manifesté en scandant “Libérez les détenus“, un slogan qu’on retrouve sur Twitter dans les appels à manifester vendredi.