Abdelkader Bensalah, président du Conseil Constitutionnel pourrait assurer la transition post-Bouteflika.

L’ARMÉE ET LA RUE SE DISPUTENT LE CONTRÔLE DE LA TRANSITION !

Contraint à la démission, le président Bouteflika ou ceux qui agissent à son nom, n’ont pu résister aux injonctions de la grande muette dont le chef d’État-Major le tout-puissant avait exigé hier et obtenu la démission immédiate du Président Abdelaziz “Boutef”, comme l’appellent amicalement ses proches. Ce mercredi 3 avril, le Conseil constitutionnel a également validé en urgence, la démission de celui qui fut le plus jeune ministre des Affaires étrangères du monde. Une question demeure cependant : qui, entre la rue et l’Armée aura le privilège de contrôler la phase de la transition ?

En exigeant le départ immédiat d’Abdelaziz Bouteflika du pouvoir, le général Ahmed Gaïd Salah cherchait à couper l’herbe aux pieds aux activistes qui réclament le départ de tous les éléments du système Bouteflika, auquel, les généraux de l’Armée nationale populaire algérienne font partie intégrante. Suite à l’appel de l’Armée, le Conseil constitutionnel a aussitôt entériné la démission de “Boutef”, conformément aux dispositions de l’article 102 de la Constitution.

Il reste cependant une question de taille : La rue qui réclamait depuis plus d’un mois, le départ immédiat d’Abdelaziz Bouteflika, acceptera-t-elle que la transition soit dirigée par Abdelkader Bensalah, président du Conseil de la Nation, tel que stipulé par la Constitution ?

On le sait, en Algérie, les présidents de la République, de l’Indépendance à nos jours, sont parrainés par l’Armée et destitués, de fait, par l’Armée. Or, la rue algérienne semble vouloir changer de cap, en élisant désormais, un président issu de la société civile. Cela ne pourrait se faire que si le gouvernement intérimaire n’est composé par des technocrates issus de la société civile. Ils craignent qu’un intérim, dirigé par un apparatchik de la trempe d’Abdelkader Bensalah, ne puisse manager des élections libres, démocratiques et transparentes.

Cette posture, permet de comprendre que le jeu de dupes entre l’Armée et le peuple est loin de connaître son épilogue. D’autant que la mouvance islamiste, qui se positionne comme un troisième larron, reste à l’affût pour récupérer le dividende politique des contestations populaires, dans lesquelles, ils n’occupent pas pourtant des positions d’avant-garde.

C’est que la mouvance islamiste algérienne se divise en deux tendances majeures : les légitimistes (MSP et MRN) et les salafistes, organisés sous forme de Jam’iyat (associoations). D’autres observateurs avancent que l’Armée algérienne est aujourd’hui infiltrée par les islamistes, ce qui pourrait rendre l’avenir du régime algérien d’après Bouteflika, un peu incertain.

En tout état de cause, la phase intérimaire du pouvoir en Algérie, renseignera largement sur la nature du régime qui va succéder à celui d’Abdelaziz Bouteflika.