Le Premier ministre éthiopien Abiy Ahmed avec le ministre érythréen des Affaires étrangères, Saleh Mohammed.

C’est le 6 septembre dernier qu’un Accord historique de Coopération a été signé à Asmara, entre trois pays de la Corne de l’Afrique : Éthiopie, Érythrée et la Somalie. Cet Accord pourra impacter positivement le développement de la Corne de l’Afrique et de l’Afrique de l’Est en général. Des guerres fratricides ont opposé, pendant plus de deux décennies, l’Éthiopie à sa voisine immédiate, l’Érythrée. Guerre qui a eu des répercussions néfastes dans les pays de la zone notamment en Somalie et au Soudan, sans épargner non plus, le Djibouti. C’est pourquoi, l’Accord d’Asmara de septembre 2018, est perçu comme un signe annonciateur d’une nouvelle ère dans une sous-région longtemps dominée par des tensions fratricides.

L’évènement qui a failli échapper à la vigilance des médias, est pourtant, un évènement capital pour l’avenir du contient. Il s’agit de l’Accord de coopération, qui vient d’être paraphé jeudi 06 septembre 2018, à Asmara dans la capitale érythréenne entre les dirigeants : Isaias  Afwerki, Président de l’État d’Érythrée, Abiy Ahmed Ali,  Premier ministre d’Éthiopie et Mohammed Abdullahi Mohammed Farmajo, président de la Somalie.

Cet Accord est symbolique, parce qu’il réconcilie des frères qui n’ont jamais voulu se serrer les mains depuis fort longtemps. Après une longue guerre d’indépendance, menée par l’Érythrée de 1961 à 1991, cette dernière s’est achevée par un référendum sanctionnant une séparation à l’amiable avec l’Éthiopie, aboutissant à l’indépendance de l’Érythrée en 1993.

Le désaccord se poursuivait pour autant via des mésententes sur des questions monétaires et commerciales, mais également sur des problèmes frontaliers, dont la ville frontalière Badmé constituait le nœud gordien, laquelle, aura servi de prétexte pour une autre guerre qui a éclaté entre les deux pays de 1998 à l’an 2000. Elle aura causé d’énormes pertes matérielles et en vies humaines (On parle de 70 000 morts, en deux de combat, entre les deux pays) !

Les relations entre l’Érythrée et la Somalie, tout comme avec Djibouti n’étaient pas au beau fixe. La Somalie a toujours porté le poids de la guerre entre l’Éthiopie et l’Érythrée de 1998 à 2000. Lors qu’Addis-Abeba soutenait l’État somalien, l’Érythrée, elle, était accusée d’être aux côtés des Shebabs, affiliés à Al-Qaïda et le dégel entre l’Érythrée et la Somalie n’a eu lieu que le 9 juin 2018, suite à l’arrivée du nouveau Premier ministre éthiopien Abiy Ahmed Ali au pouvoir.

Il aura changé la donne géostratégique, en optant pour une réconciliation sous-régionale tous azimuts. Il encouragea un rapprochement aussi bien entre Érythrée et Somalie qu’entre Érythrée et Djibouti. Les mêmes efforts, sont naturellement déployés entre l’Éthiopie et l’Érythrée, ce qui a permis de signer cet important Accord du 6 septembre 2018.

Ce même jour, les dirigeants des deux pays « ont inauguré une nouvelle ambassade éthiopienne à Asmara, la première en plus de 20 ans », souligne un reporter de la RFI, avant d’ajouter « Dans la foulée, à la surprise générale, les trois ministres des Affaires étrangères de Somalie, Éthiopie et Érythrée se sont rendus ce jeudi à Djibouti. Et c’est un petit événement diplomatique, car l’Érythrée et Djibouti ont un conflit frontalier depuis des années concernant la région de Ras Doumeira », rappelle-t-il.

L’évènement aurait pu être perçu comme « petit », si le Ministre érythréen des Affaires étrangères Osman Saleh, n’avait pas fait remarquer que « La paix dans la Corne de l’Afrique doit être inclusive ».

L’Accord d’Asmara constitue, sans nul doute, un jalon axial vers le retour d’une paix inclusive dans la corne de l’Afrique.