La coalition Idy-2019 a officiellement installé son comité électoral.

La Coalition Idy-2019 vient d’enrôler quelques figures marquantes de la scène politique sénégalaise : Mamadou Diop Decroix (And Jëf), Bougane Dany Guèy (Gueum Sa Bopp), Pape Diop (Bokk Guiss-Guiss), Malick Gackou (Grand Parti), Mamadou Lamine Diallo (Tekki). Tous ces leaders de parti partagent l’amère défaite d’être éliminés de la course présidentielle, pour n’avoir pas recueilli le nombre suffisant de signatures permettant de prétendre à la candidature présidentielle. En conséquence, certains analystes se demandent comment l’addition de perdants, peut-elle faire gagner dans une élection présidentielle comme celle du Sénégal ?

Deux fois, candidat malheureux à l’élection présidentielle de 2007 et de 2012, Idrissa Seck refuse de jeter l’éponge et s’engage à tenter sa chance en 2019. Il aura, entre temps, affiché son appartenance à la confrérie mouride, très influente au Sénégal.

À moins d’un an de la campagne électorale, Idrissa Seck avait habitué les Sénégalais à des sorties quasi périodiques dénonçant la politique du président sortant Macky Sall. Dans ses envolées pédantes, il aborda un sujet délicat concernant, la différence entre Makka et Bakka (tous deux relatés dans le saint Coran), le conflit palestino-israélien et le statut de la ville de Jérusalem…

En plus des contrevérités historiques et dogmatiques contenues dans ses propos, Idy eût le malheur, de reproduire, à son compte, les thèses juives tendant à dire que Makka se trouve en Arabie et Bakka en Israël. Cette grave dérive souleva un tollé au Sénégal et dans le monde islamique, obligeant Idrissa Seck à présenter des excuses publiques à la communauté musulmane.

La gravité de la bévue provoqua une cassure irréparable entre Idy et la communauté musulmane sénégalaise. L’ayant compris, l’homme se met en hibernation au point où la rumeur sur sa prétendue maladie circula dans les grands places de Dakar et de Thiès.

À deux mois de la présidentielle de février 2019, il refait surface en mettant sur place la Coalition Idy-2019. Un ancien ministre de Wade, très peu connu du grand public et fondateur du non moins célèbre Parti pour la Liberté et la Citoyenneté, tombe sous le charme d’Idy et devient le Secrétaire général de Reewmi dont Idy est le président.

Après la fatidique épreuve du parrainage, le groupe des recalés notamment Madame Amsata Sow Sidibé, Mamadou Diop Decroix et Cie se joignent à la Coalition Idy-2019. Mme Amsatou Sow Sidibé, professeur d’université leader de Car Leneen (Convergence des acteurs pour la Défense des Valeurs républicaines) est une des figures féminines qui peinent à trouver leur place dans l’espace politique sénégalais.

Mamadou Diop Decroix, longtemps tenu en otage, par Me Abdoulaye Wade, en échange d’un poste de député et une présence au sein du bureau de l’Assemblée nationale. On sait également, qu’il s’est séparé de Landing Savané, co-fondateur du parti And Jëf, pour sauvegarder son portefeuille ministériel dans le gouvernement de Wade. Communiste (tendance Maoïste), il s’est reconverti en libéral, depuis bientôt deux décennies. Son ralliement dans le camp d’Idrissa Seck risque d’annoncer le début de sa mort politique.

Homme lige, malicieux et sournois, Mamdou Diop Decroix se frotte à plus malin que lui, disent les Sénégalais. Idrisssa Seck porte, entre autres, le sobriquet de Ndiomboor (lièvre, signifiant malicieux dans la mythologie Wolof). Ndioublang (tartuffe) Seck, comme l’appelait le quotidien, le messager, symbolise, pour beaucoup de ses compatriotes, l’homme qui cache sa véritable personnalité, ce qui pousse les Sénégalais à être méfiant à son égard.

Autre allié, Pape Diop (BoKK Guiss-Guiss) n’a pas réussi à dépasser le cap des parrainages, ce qui n’a surpris personne. Homme d’affaires, plus enclin vers le business que la politique, Pape Diop n’a jamais gagné seul, une élection au Sénégal. D’aucuns disent que Me Wade avait fait de lui président de l’Assemblée nationale et du Sénat, à cause de son caractère malléable et corvéable à merci.

Mamadou Lamine Diallo (Tekki) et Malick Gackou (Grand Parti) n’arrivent pas à digérer leur élimination, dès l’étape des parrainages. Pourtant, leur poids-plume en politique est un secret de polichinelle. Abdoul Mbaye (ACT), banquier de formation, fut initié en politique par Macky Sall, qui l’a nommé Premier ministre dès son accession au pouvoir en 2012.

Fortement critiqué pour son manque d’expérience administrative, il fut débarqué en moins de deux ans, plus précisément, en septembre 2013. Atteint dans son égo surdimensionné, le lauréat de HEC-Paris, n’a jamais pardonné au président Sall de l’avoir débarqué de son poste de Premier ministre.

Il fonde son parti (ACT) et tente de se présenter à la présidentielle de 2019. Recalé par le parrainage, il rejoint Idy-2019, jadis traité de nullard, non diplômé, pour se venger du candidat Macky Sall.

La question que l’on se pose, est de savoir, comment le club des “loosers” (les perdants) que dirige Mor todiangué (le gaffeur en wolof) réussira-t-il à faire une campagne sans gaffes et résoudre l’équation de la crise de confiance et la fracture qui séparent Idrissa Seck des électeurs sénégalais ?