Les meneurs de la contestation et l’armée au pouvoir au Soudan sont finalement tombés d’accord sur une autorité conjointe comprenant civils et militaires. Une avancée majeure dans une crise qui a duré plus de deux semaines après la destitution du président Omar El-Béchir.
L’accord obtenu représente une percée dans la crise, les militaires refusant jusque-là de céder le pouvoir malgré des appels pressants au Soudan comme à l’étranger.
« Nous sommes parvenus à un accord sur un Conseil conjoint entre les civils et l’armée », a déclaré samedi soir, au nom du mouvement de contestation, Ahmed Al-Rabia, qui a participé à la première réunion d’un comité conjoint regroupant des représentants des deux camps.
« Nous menons actuellement des consultations pour décider du pourcentage de civils et de militaires dans le Conseil conjoint », a-t-il dit, cité par l’AFP. Selon des militants, le Conseil sera formé de 15 membres, huit civils et sept généraux.
Ce Conseil, qui remplacera le Conseil militaire, constituera l’autorité suprême du pays et sera chargé de former un nouveau gouvernement civil de transition pour gérer les affaires courantes et ouvrir la voie aux premières élections post-Béchir.
Dimanche, les chefs de l’Alliance pour la liberté et le changement (ALC), qui regroupe les partis politiques et groupes de la société civile à la tête de la contestation, se sont réunis pour examiner les résultats des négociations avec les militaires.
L’accord répondrait aux revendications des milliers de manifestants qui campent depuis trois semaines devant le QG de l’armée à Khartoum pour réclamer le transfert du pouvoir aux civils. Désormais, ils attendent l’instauration effective du Conseil conjoint annoncé samedi, avant de décider du sort de leur sit-in.
Ce sit-in s’inscrit dans le prolongement d’un mouvement déclenché le 19 décembre 2018 pour dénoncer initialement le triplement du prix du pain dans un pays à l’économie exsangue, avant de se muer en contestation contre Omar El-Béchir, destitué et arrêté le 11 avril par l’armée.
Après le départ de Omar El-Béchir, au pouvoir pendant près de trois décennies, les manifestants ont maintenu la pression pour obtenir du Conseil militaire de transition de céder le pouvoir et juger El-Béchir ainsi que les principaux responsables de son régime.