Le Burkina Faso a annoncé hier la rupture de ses relations avec Taïwan. Un changement majeur pour la diplomatie burkinabè, qui entretenait une coopération privilégiée avec Taipei depuis 1994, au détriment de ses relations avec la République populaire de Chine.
La décision était dans les tuyaux depuis près d’un an. Elle a été officialisée jeudi 24 mai par Alpha Barry, le ministre des Affaires étrangères : le Burkina Faso rompt ses relations diplomatiques avec Taïwan.
Celles-ci avaient été instaurées en 1994 par Blaise Compaoré, faisant du Burkina l’un des pays africains à reconnaître l’indépendance de l’île asiatique revendiquée depuis plus d’un demi-siècle par la République populaire de Chine.
Tournant majeur
« L’évolution du monde et les défis socio-économiques actuels de notre pays et de notre région recommandent que nous reconsidérons notre position », a expliqué Alpha Barry pour justifier la décision de son gouvernement et de son président, Roch Marc Christian Kaboré.
Ouagadougou entend désormais se rapprocher de Pékin, déjà très présent sur le continent, plutôt que de continuer sa coopération avec Taipei. Selon le chef de la diplomatie burkinabè, les dispositions nécessaires vont être prises pour fermer les ambassades des deux pays dans leurs capitales respectives.
Alpha Barry a aussi indiqué avoir reçu dans la matinée l’ambassadeur de Taïwan à Ouagadougou pour l’informer officiellement de cette décision, qui marque un tournant majeur dans la stratégie diplomatique du Burkina.
Démission du ministre taïwanais
Cette annonce du gouvernement burkinabè a par ailleurs amené le ministre taïwanais des Affaires étrangères, Joseph Wu, à présenter publiquement sa démission.
« En ma qualité de responsable gouvernemental, je dois porter la responsabilité des politiques et j’ai finalement présenté ma démission », a-t-il déclaré lors d’une conférence de presse.
Face à l’offensive diplomatique et aux nombreux investissements de la République populaire de Chine sur le continent, Taïwan voit ses alliés africains lui glisser entre les doigts les uns après les autres ces dernières années.
Avant le Burkina Faso, le Malawi (2008), la Gambie (2013) et Sao Tomé et Principe (2016) avaient rompu leurs relations diplomatiques avec le rival de Pékin. Aujourd’hui, le Swaziland, où la présidente taïwanaise Tsai Ing-Weng s’est rendue en avril dernier, est le dernier pays africain à lui être encore fidèle.