L’ex-président Henri Konan Bédié, le tristement célèbre « père de l’ivoirité » qui avait participé à propager l’incendie xénophobe qui avait ravagé le pays, il y a moins d’une décennie, attise à nouveau les braises.
Sous prétexte de dénoncer l’orpaillage clandestin, il a ciblé les étrangers et en a rajouté une couche en déclarant qu’« actuellement on fait en sorte que l’ivoirien soit étranger chez lui. Mais les Ivoiriens n’accepteront jamais cela ».
Le gouvernement ivoirien a dénoncé ces propos, à juste titre, comme étant de « nature à mettre en péril, au-delà de la paix et de la cohésion sociale, l’unité nationale et la stabilité du pays ».
Il y a de quoi s’alarmer et de se mobiliser pour tuer dans l’œuf, cette tentative odieuse d’allumer un feu de brousse xénophobe dans un pays qui a déjà payé le prix du sang, entre 1993 et 1999, justement pendant la présidence Bédié, qui s’est terminée par un coup d’État militaire.
Soit dit en passant, cette présidence fut calamiteuse, tellement le successeur de Houphouet Boigny s’est montré peu qualifié et pas apte du tout, à exercer les plus hautes fonctions étatiques. Pour cacher ses carences, Bédié a choisi de faire diversion, après avoir utilisé le concept douteux d’« ivoirité » pour écarter le candidat Alassane Ouattara.
Cette cabale ne lui aura servi que pendant un laps de temps très court et, toute honte bue, éliminé lors du premier tour de la présidentielle de 2010 (il avait obtenu 25% des voix, contre 32% pour Ouattara et 38% pour Gbagbo, il avait choisi de rallier le futur vainqueur).
Il poursuivra son compagnonnage avec le président Ouattara jusqu’à récemment, rattrapé par les démons de la volonté de puissance qui semblent altérer sa lucidité.
Objectivement, l’« analyse concrète de la réalité concrète ivoirienne » exclut toute possibilité de retour au pouvoir de Bédié, à l’âge canonique de 85 ans. Il s’y ajoute que, dans ce qui lui reste de fidèles, aucun « présidentiable » crédible ne se dégage.
Le PDCI -canal historique qu’il dirige- n’est plus une force politique de premier plan. Il s’est étiolé avec les départs massifs de tous ceux qui ont rejoint le RHDP (rassemblement des Houphouétistes pour la démocratie et la paix) et/ou le PDCI-Renaissance, porté sur les fonts baptismaux par Daniel Kablan Duncan.
L’autoritarisme de Bédié a fini de faire le vide autour de lui. Le naufrage de la vieillesse n’arrange pas les choses. Pourtant, il faut rester vigilant car les déclarations incendiaires sont toujours dangereuses dans n’importe quel pays, à fortiori dans un pays, comme la Côte d’Ivoire qui a déjà vécu une guerre civile terrifiante.
Tous les démocrates ivoiriens, d’Afrique et du monde entier, doivent faire entendre leurs voix, pour condamner les dérives xénophobes de Bédié. Et le mettre en garde pour l’avenir.
En Côte d’Ivoire des plaintes sont envisagées ; elles doivent être déposées au niveau des instances judiciaires. Mieux vaut prévenir que guérir !