La répression des manifestants au Soudan a fait au moins 108 morts depuis lundi selon un comité de médecins soudanais. Mercredi, les chefs du mouvement de contestation au Soudan ont rejeté l’offre de dialogue des généraux au pouvoir.
La communauté internationale craint aujourd’hui une aggravation de la situation. L’ONU a décidé de faire partir son personnel, alors que le Royaume-Uni a rappelé les employés « non essentiels » de son ambassade à Khartoum et déconseillé aux Britanniques de se rendre dans ce pays. Amnesty International a demandé à l’Union africaine et à l’ONU de « prendre des mesures immédiates afin de demander des comptes aux responsables de cette violence ».
Dans les rues de la capitale Khartoum, des paramilitaires, les Forces de soutien rapide (RSF), ont été déployés ainsi que dans d’autres villes du pays en proie à une contestation inédite depuis décembre qui a abouti à la destitution du président Omar El-Béchir le 11 avril.
Considérées comme issues des anciennes milices des Janjawid accusées d’atrocités durant le conflit au Darfour dans l’ouest soudanais, ces forces sont accusées par les chefs de la contestation d’être les principaux auteurs de la dispersion brutale des rassemblements, principalement le sit-in devant le QG de l’armée lundi, qualifiée de “massacre”.
Un dernier bilan du comité central des médecins a fait état d’au moins 108 civils tués et de plus de 500 blessés en trois jours, la grande majorité dans la dispersion du sit-in, selon l’AFP.
En raison de l’insécurité, la capitale a ressemblé à une ville fantôme en ce jour de célébration de la fête musulmane du Fitr, marquant la fin du ramadan: boutiques au rideau de fer baissé, circulation très réduite, seules quelques personnes se sont aventurées dans la rue.
Faisant craindre un conflit ouvert, les chefs de la contestation, qui réclament depuis la chute de l’ex-président El-Béchir le transfert du pouvoir aux civils, ont rejeté l’offre de dialogue du Conseil militaire de transition qui a succédé au président déchu et est accusé d’avoir ordonné la répression.
« Le peuple soudanais n’est ouvert ni aux négociations, ni à ce Conseil militaire qui tue des gens », a indiqué à l’AFP Amjad Farid, porte-parole de l’Association des professionnels soudanais, l’une des formations clés de la contestation.
Les négociations entre les deux camps ont été suspendues le 20 mai, chaque camp refusant de céder. Et les milliers de manifestants au sit-in qui était en place devant le QG de l’armée depuis le 6 avril, exigeaient le transfert du pouvoir aux civils. Les généraux nient avoir « dispersé par la force » le sit-in, évoquant une « opération de nettoyage » à proximité qui a mal tourné.