La montée en puissance des attaques menées par le groupe terroriste Boko Haram fait débat au Nigeria. L’opposition nigériane est montée au créneau pour demander des comptes au gouvernement. En début de semaine, une nouvelle attaque terroriste a fait des dizaines de morts dans les rangs de l’armée.
Le candidat de l’opposition à la présidentielle, Atiku Abubakar, a dénoncé vendredi dans un communiqué le manque de moyens mis à la disposition de l’armée. « L’augmentation des attaques terroristes et criminelles contre nos troupes est un signe clair que notre armée n’a pas assez de moyens financiers et n’est pas assez équipée », a écrit Atiku Abubakar, originaire de l’État d’Adamawa (nord-est), une région touchée par le conflit.
« Il est temps d’avouer que Boko Haram n’est pas techniquement vaincu », a souligné lancé Peter Ayodele Fayose, ancien gouverneur et leader éminent du Parti Populaire Démocratique (PDP, opposition), cité par l’AFP.
De son côté, le président du Sénat -grand rival du chef de l’État- Bukola Saraki, a annoncé jeudi qu’une délégation de sénateurs se rendrait rapidement dans l’État du Borno (nord-est) pour enquêter sur l’efficacité des forces sécuritaires.
L’armée nigériane qui paye déjà un lourd tribut dans son combat contre Boko Haram, a encore subi de lourdes pertes ce week-end avec la mort de 44 soldats au cours d’une attaque du groupe terroriste dans leur base de Metele, un village frontalier du Niger, selon des sources sécuritaires.
Depuis juillet, l’AFP a recensé au moins 17 attaques contre des bases militaires, quasiment toutes situées dans la région du pourtour du lac Tchad, une zone contrôlée par la faction du groupe de l’État Islamique en Afrique de l’Ouest (ISWAP).
Le président nigérian Muhammadu Buhari, qui avait promis lors de la présidentielle de 2015 d’éradiquer le groupe Boko Haram, a assuré quelques mois après son arrivée au pouvoir que Boko Haram était « techniquement vaincu ». Son bilan sécuritaire est aujourd’hui très critiqué et les soldats déployés dans le Nord-Est se sont plaints à plusieurs reprises de manquer d’armes et de vivres.
Près de quatre ans après les déclarations de Buhari sur la neutralisation présumée de Boko Haram, et alors même que le chef de l’État est candidat à sa propre succession pour la présidentielle de février 2019, le conflit s’invite à nouveau dans la campagne électorale nigériane.