Le Soudant du Sud a continué de recevoir de l’armement, même s’il est soumis à des embargos sur les armes, selon un rapport de l’ONG britannique Conflict Armament Research (CAR) publié jeudi. Ces armes transiteraient le plus souvent par des pays voisins.
L’ONG accuse ouvertement l’Ouganda d’avoir fourni au Soudan du Sud des armes qu’il avait reçues légalement de sociétés européennes et américaines en 2014 et 2015. Ce faisant, l’Ouganda aurait contrevenu à des clauses censées garantir que les armes soient utilisées par les pays vers lesquels elles sont initialement expédiées.
L’ONG britannique dit avoir établi son rapport au terme d’une enquête de quatre années. CAR a établi ainsi comment des pays de la région, en particulier l’Ouganda, avaient contourné les embargos pour alimenter en armes les protagonistes de la guerre au Soudan du Sud, qui a fait plus de 380.000 morts selon une étude récente.
Pour rappel, le Conseil de sécurité des Nations unies a imposé un embargo sur les armes au Soudan du Sud en juillet 2018. L’Union européenne (UE) avait interdit dès 1994 à ses États membres de vendre directement des armes au Soudan. Elle avait amendé cet embargo pour inclure le Soudan du Sud à son indépendance du Soudan en 2011.
Malgré tout, l’armée gouvernementale, l’Armée de libération du peuple soudanais (SPLA), n’a jamais été à cours d’armement et a continué à recevoir des armes fournies par l’Ouganda et provenant parfois d’Europe ou des États-Unis, explique CAR.
Les rebelles de la SPLA-IO (SPLA en opposition) ont éprouvé beaucoup plus de difficultés à se doter en armes et ont souvent dû se contenter de celles prises à l’ennemi, ajoute l’ONG dans son rapport.
Le directeur général de CAR, James Bevan, cité par l’AFP, a indiqué que son organisation avait mené « une enquête exhaustive, de terrain, sur le type d’armement utilisé », qui l’avait amenée à recenser des centaines d’armes et plus de 200.000 munitions. CAR dit avoir également découvert des preuves de ventes d’armes par le Soudan à la SPLA-IO -ce que les observateurs soupçonnaient depuis longtemps -, mais pas récentes. L’étude montre aussi combien les rebelles de l’ancien vice-président Riek Machar ont été isolés et ont eu du mal à se fournir en armes.