L’ancien président du Bénin Thomas Boni Yayi était dimanche à Lomé, au Togo, au lendemain de son départ de Cotonou. Et ce, après deux mois de crise politique, de siège de son domicile par la police et de violences, notamment dans le nord du pays.
L’ex-président béninois est présenté comme le principal opposant du président Patrice Talon. Il aurait quitté le Bénin pour se faire soigner, selon son entourage, cité par l’AFP. « On ne peut pas dire pour l’instant dans quel pays il ira suivre les soins, mais il a déjà quitté le Bénin », a expliqué Nourénou Atchadé, le porte-parole de son parti, Forces Cauris pour un Bénin émergent (FCBE).
Il s’agit de « la fin d’un traitement humiliant infligé pendant plus de 50 jours à l’ancien président Boni Yayi », a salué dimanche dans une déclaration l’ancien président du Bénin (1991-1996), Nicéphore Soglo. Ce dernier a affirmé que plusieurs dirigeants africains, dont le rwandais Paul Kagamé et le nigérian Muhammadu Buhari, ont pesé pour obtenir « la libération du domicile de Boni Yayi ».
Ce « départ surprise » intervient après des semaines de fortes tensions entre le président Talon et son prédécesseur, et après des violences, notamment à Tchaourou, ville d’origine de Boni Yayi, et à Savè.
Ces deux villes ont été le théâtre de violences qui ont fait au moins deux morts civils et des dizaines de blessés du côté des forces de l’ordre à la mi-juin, après une première série de manifestations réprimées à balles réelles les 1er et 2 mai autour du domicile de Boni Yayi à Cotonou.
Une délégation de chefs traditionnels et de responsables locaux a été reçue cette semaine par Patrice Talon. C’est au terme de ces négociations que, samedi matin, la police a annoncé que Cadjehoun (le quartier de Cotonou où se trouve la résidence de Boni Yayi) était « libéré de tout dispositif policier ».
« Nous voulons ardemment la paix maintenant », avait déclaré vendredi le président béninois, promettant avoir « pris des mesures » pour résoudre cette crise. « Je n’ai pas de problème personnel avec Boni Yayi », c’est « un ami », avait ajouté Talon à propos de son prédécesseur, principal opposant du régime après avoir passé dix années au pouvoir (2006-2016).
Boni Yayi avait dénoncé « un coup d’État électoral » lors des législatives du 28 avril 2019, auxquelles aucun parti de l’opposition n’avait été autorisé à présenter de candidats, et appelé le président Talon à annuler le processus électoral et la population à se soulever.