Le bilan des morts depuis le début des manifestations de l’opposition contre le président guinéen en place, Alpha Condé, s’alourdit. Deux jeunes hommes sont morts lundi à Conakry, selon les autorités, quand une marche organisée par l’opposition derrière les cercueils de Guinéens tués lors de récentes manifestations a dégénéré en nouveaux affrontements violents avec les forces de l’ordre. Six autres participants à cette procession ont été blessés par les balles des forces de l’ordre, a annoncé l’opposition.
Avec ses 13 millions d’habitants, la Guinée semble en avoir marre des dérives du président en place dont les plus proches collaborateurs se sont retrouvés au centre de plusieurs scandales financiers. En effet, le pays connait, depuis le 14 octobre une intense contestation contre l’éventualité d’un troisième mandat du président. Une quinzaine de manifestants ont été tués depuis cette date selon l’opposition, des dizaines d’autres ont été blessés, des dizaines arrêtés et jugés. Un gendarme a également trouvé la mort.
« Dans un pays coutumier des protestations et des répressions brutales, les funérailles de onze manifestants morts depuis trois semaines mais dont les autorités avaient retenu les dépouilles jusqu’alors s’annonçaient comme un rendez-vous à risques. Le Front national pour la défense de la Constitution (FNDC), qui mène le mouvement, entendait transformer ces obsèques en marche funèbre, pour les disparus et contre le président Alpha Condé », reportait lundi l’agence française de presse.
Au moment où l’opinion internationale critique déjà la situation dans le pays, le président Condé a affirmé que ce sont les manifestants eux-mêmes qui tirent pour mettre les morts « sur le dos » du gouvernement. Il dénonce une opposition « putschiste ». Les autorités disent ne faire que défendre la sécurité publique. Les défenseurs des droits humains dénoncent, eux, un usage excessif de la force par le gouvernement, des arrestations arbitraires et une répression visant à réduire l’opposition au silence.
L’opposition accuse de dérive « dictatoriale » l’ancien opposant historique qui fut le premier président démocratiquement élu en 2010, réélu en 2015, après des décennies de régimes autoritaires et militaires. Il ne fait aucun doute pour elle que M. Condé entend réviser la Constitution pour concourir à un troisième mandat présidentiel en 2020 alors que le texte actuel en limite le nombre à deux. À 81 ans, M. Condé ne confirme ni n’infirme les intentions qui lui sont attribuées.