L’État béninois condamné à payer 36 milliards de francs CFA, à Sebastien Ajavon.

L’opposant Sebastien Ajavon qui vit en exil, a remporté une bataille judiciaire majeure contre le régime de Patrice Talon. En effet la cour africaine des droits de l’homme et des peuples (CADHP) a condamné l’État béninois à lui payer 36 milliards de FCFA pour réparer les préjudices qu’il a subis.


Du fait de sa condamnation jugée illégale pour « trafic de drogue » prononcée en 2018, après un premier procès tenu en 2017 qui l’avait innocenté. La CADHP s’est fondée sur le principe selon lequel nul ne peut-être poursuivi et puni, deux fois, pour les mêmes fautes (« non ibis idem »).

La manœuvre du régime Talon a été grossière dans la mesure où il a créé une cour spéciale au mois d’Août : la CRIET (cour pour la répression des crimes économiques et terroristes pour pouvoir rejuger), en octobre de la même année(2018) Ajavon qui avait déjà été traduit devant le tribunal correctionnel de Cotonou. Et, avait été relaxé !

C’est donc tout à fait logiquement que la CADHP a rétabli l’opposant dans ses droits et condamné l’État béninois à lui payer la somme mirobolante de 36 milliards de FCA.
Ainsi la bataille politique entre les deux politiciens milliardaires, naguère alliés pour battre Lionel Zinsou, lors de la dernière présidentielle, prend une nouvelle tournure, sur le plan international.

La défaite politique est amère pour Talon qui ne doit s’en prendre qu’à lui-même, par ce qu’il agit de manière autoritaire et se met à dos toute la classe politique de son pays.

Il devrait regarder du côté de Bissau où le président José Mario Vaz qui se comportait comme lui, a été humilié lors du premier tour de la présidentielle. Parce qu’il a fait l’unanimité contre lui.

Talon est d’une rigidité surprenante de la part d’un homme arrivé en politique comme par « effraction ». Peut-être qu’il est enivré de pouvoir et qu’il a perdu sa lucidité d’homme d’affaires à succès ? Peut-être aussi que le pouvoir ne fait que révéler les pulsions autoritaristes qui sommeillaient en lui ?

Quoiqu’il en soit, il est dans une dérive qui ne peut que mal se terminer pour lui. Car le Bénin est un pays de démocratie qui en a vu d’autres et qui a un peuple résilient et des ressources humaines de grande qualité. Ce pays n’était pas appelé « quartier latin de l’Afrique » pour rien.

La CADHP, par sa décision spectaculaire, pourrait réveiller Talon de son sommeil dogmatique et le pousser à agir pour renforcer la démocratie et non à essayer de la subvertir.

Mais le cas Talon semble désespéré et, tout laisse croire qu’il va continuer dans sa fuite en avant dans l’autoritarisme. Jusqu’à ce que le chemin des urnes le ramène dans la direction, incontournable, qu’indiquera la vox populi.