Le laboratoire britannique qui a analysé la substance utilisée contre Sergueï Skripal, l’ex-espion russe empoisonné le 4 mars dernier en Angleterre, a reconnu ne pas avoir de preuve qu’elle provenait de Russie.

Le laboratoire militaire britannique de Porton Down a affirmé mardi 3 avril, qu’il n’était pas en mesure de déterminer que l’agent innervant responsable de la tentative d’empoisonnement de l’ex-espion Sergueï Skripal provenait de Russie.

« Nous avons été capables d’identifier qu’il s’agissait du Novitchok, d’identifier que c’était un agent innervant de type militaire » a déclaré le chef du laboratoire, Gary Aitkenhead. Mais « nous n’avons pas identifié sa source exacte », a-t-il ajouté.

Par ailleurs, le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov a insinué lundi que Londres pourrait être derrière l’empoisonnement de l’ex-espion russe Sergueï Skripal, ayant intérêt en raison du Brexit à cette affaire, à l’origine d’une vague historique d’expulsions de diplomates.

Londres de son côté estime que la responsabilité de Moscou dans cet empoisonnement à l’aide d’un agent innervant, qui a provoqué entre Moscou et l’Occident une des pires crises diplomatiques de ces dernières années, est la seule explication plausible, malgré les dénégations répétées de la Russie.

Au moment où des dizaines de diplomates russes à l’étranger à Moscou finissent de faire leurs bagages, M. Lavrov a renvoyé la balle à Londres. Il a estimé que l’empoisonnement pouvait être dans l’intérêt du gouvernement britannique, qui s’est trouvé dans une position inconfortable en étant dans l’incapacité de remplir ses promesses faites aux électeurs sur les conditions du Brexit.

« Cela pouvait aussi être dans l’intérêt des services spéciaux britanniques, qui sont connus pour leur capacité à agir avec permis de tuer », a-t-il ajouté, lors d’une conférence de presse.

Selon lui, Moscou n’avait aucune raison à la veille de la présidentielle et à quelques mois du Mondial de football en Russie d’empoisonner l’ex-agent double, qui avait été condamné pour trahison avant de faire l’objet d’un échange de prisonniers en 2010.

Selon M. Lavrov, une attaque sophistiquée sur Sergueï Skripal telle qu’aurait pu mener un pays comme la Russie aurait abouti à une mort immédiate de la personne visée, or l’ex-espion de 66 ans a survécu et reste hospitalisé dans un état critique mais stable.

Sergueï Skripal a été empoisonné avec sa fille Ioulia le 4 mars à Salisbury, en Angleterre, avec un agent innervant issu, selon les autorités britanniques, d’un programme chimique nucléaire soviétique.

L’état de Ioulia Skripal, 33 ans, s’améliore rapidement, selon l’hôpital de Salisbury où elle est soignée, et Londres a indiqué samedi étudier la demande de la Russie d’obtenir un accès consulaire.