Le président déchu Omar El-Béchir est arrivé lundi devant un tribunal de Khartoum. L’ex-président soudanais, qui a dirigé le Soudan durant trois décennies, doit y être jugé pour corruption.
L’ex chef de l’État, déposé par l’armée le 11 avril 2019, en réponse à des manifestations massives, est arrivé en matinée devant la cour. Il était escorté par un imposant convoi militaire. Son procès devait s’ouvrir samedi, mais il avait été reporté sine die.
Omar El-Béchir, 75 ans, détenu dans une prison de Khartoum, a été informé par le parquet qu’il faisait face à des accusations de « possession de devises étrangères, de corruption » et pour avoir « reçu des cadeaux illégalement ».
Fin avril, le chef du Conseil militaire de transition, le général Abdel Fattah Al-Burhane, avait affirmé que l’équivalent de plus de 113 millions de dollars avaient été saisis en liquide dans la résidence de l’ex-président à Khartoum.
Il avait indiqué que des membres de la police, de l’armée et des agents de sécurité avaient trouvé sept millions d’euros, 350.000 dollars et cinq milliards de livres soudanaises (93 millions d’euros) lors de cette fouille.
En mai dernier, le procureur général a également déclaré que l’ex président avait été inculpé pour des meurtres commis lors des manifestations anti-régime qui ont finalement conduit à son éviction, sans que l’on sache quand il devra répondre de cette accusation.
Les protestations contre le régime de El-Béchir ont éclaté le 19 décembre après que son gouvernement a triplé le prix du pain, et ont rapidement pris une tournure politique. Elles se sont poursuivies après la chute d’Omar El-Béchir le 11 avril, afin d’obtenir un transfert du pouvoir aux civils, et ont fini par aboutir à un accord signé samedi entre les généraux au pouvoir et la contestation.
Les actes d’accusation les plus graves contre Omar El-Béchir, qui a dirigé le pays d’une main de fer après un coup d’État en 1989, sont celles de la Cour pénale internationale (CPI) basée à La Haye.
Il s’agit de crimes de guerre, crimes contre l’humanité et génocide, pour son rôle dans la guerre au Darfour, où une rébellion a éclaté en 2003. L’ONU affirme que le conflit a fait plus de 300.000 morts et 2,5 millions de déplacés, et que des centaines de milliers de personnes vivent encore dans des camps misérables et appauvris plus d’une décennie et demie plus tard.