Au Maroc, comme en Algérie ou en Tunisie, le nouveau coronavirus prend à la gorge des foules de travailleurs en grande majorité précaires, sans contrat et sans protection sociale.
Depuis l’annonce de mesures drastiques par Rabat, Alger et Tunis dans le cadre de l’état d’urgence sanitaire décrété face à la pandémie, les rues désertes sont étroitement surveillées par des patrouilles de policiers et de militaires, les marchands de rue ont disparu, les petits commerces ont tiré le rideau…
Employés sans vrai contrat, au noir ou dans le secteur informel, de nombreux artisans, journaliers, vendeurs ambulants, coursiers, gardiens, femmes de ménage, ouvriers du bâtiment s’inquiètent pour leur survie. Soit des millions de travailleurs, à l’échelle des trois pays, qui cumulent quelque 90 millions d’habitants, selon l’AFP.
La situation est particulièrement critique au Maroc, pays marqué par de grandes inégalités, avec un taux d’activité très bas (moins de 50%) et un taux d’emploi informel de 79,9% contre 63,3% en Algérie ou 58,8 % en Tunisie, selon les chiffres publiés en 2018 par l’Organisation internationale du Travail (OIT).
Face au risque social, un conseil économique spécial récemment formé au Maroc a déjà adopté des mesures d’aide pour les entreprises, des primes mensuelles de 2.000 dirhams (environ 190 euros) pour les salariés affiliés à la sécurité sociale qui perdent leur emploi, ainsi que, pour tous, des reports d’échéance pour les crédits à la consommation.
Et « des mesures d’accompagnement pour les quelque quatre millions de ménages du secteur informel sont en cours de discussion » pour un déploiement prochain, assure à l’AFP Mohamed Benchaâboun, le ministre de l’Economie. Le tout financé par un fonds d’urgence de plus de 25 milliards de dirhams (2,4 milliards d’euros), alimenté à la fois par l’Etat et par les dons d’entreprises ou de privés.
La Tunisie, qui peine à répondre aux attentes sociales de sa population une décennie après la révolution, avec une inflation de 7% et un chômage de masse, a également annoncé un plan d’aide aux entreprises et particuliers d’un montant total de 2,5 milliards de dinars (plus de 800 millions d’euros), dont 150 millions de dinars (environ 50 millions d’euros) d’aide sous forme de prime aux plus démunis.
En Algérie, où l’informel représenterait entre 40 et 50% du PIB, la situation s’est tendue depuis la fermeture des cafés et des restaurants, la suspension des transports en commun et le confinement partiel décrété lundi soir à Alger et dans la région de Blida, la plus touchée par la pandémie.