La guerre commerciale entre les États-Unis et la Chine connaît une nouvelle flambée : Pékin a annoncé une hausse spectaculaire de ses droits de douane sur les produits américains, les portant à 125 %, en réponse aux surtaxes imposées par Washington. L’Union européenne, quant à elle, reste prudente et cherche une issue diplomatique.

Dans un communiqué diffusé par le ministère chinois des Finances, la Commission des droits de douane dénonce une politique américaine d’« intimidation et de coercition unilatérale », contraire aux règles du commerce international. Pékin avertit qu’en l’état, les exportations américaines sont devenues « inacceptables sur le marché chinois », et qu’en cas d’escalade supplémentaire, la Chine « l’ignorera ».

La tension provoque des secousses sur les marchés : le dollar a chuté à son plus bas niveau depuis trois ans face à l’euro, tandis que les places européennes replongent dans le rouge après un léger rebond. À Wall Street, les indices semblaient cependant se stabiliser à l’ouverture.

Mercredi, Donald Trump avait annoncé un gel temporaire de 90 jours sur certaines surtaxes visant 60 partenaires commerciaux, le temps de négocier. Mais les taxes de 10 à 25 % sur l’acier, l’aluminium et l’automobile, notamment à l’encontre de l’UE, restent en vigueur. La Chine, quant à elle, a déjà subi des surtaxes allant jusqu’à 145 %.

Appels à l’unité et menaces de riposte

Face à cette spirale, le président chinois Xi Jinping a exhorté l’Union européenne à « résister ensemble » à la guerre commerciale américaine. Lors d’un entretien à Pékin avec le Premier ministre espagnol Pedro Sánchez, il a plaidé pour la protection de la mondialisation et du commerce équitable.

Pedro Sánchez a reconnu l’existence d’un déficit commercial important de l’Europe envers la Chine, mais a appelé à préserver le potentiel de croissance des relations bilatérales malgré les tensions.

Le président Emmanuel Macron a réagi sur X (ex-Twitter), qualifiant la réduction américaine des taxes à 10 % de « pause fragile », et appelé Bruxelles à rester vigilante : « L’Europe doit se préparer à toutes les contre-mesures nécessaires. »

Pour l’heure, l’Union européenne a suspendu sa riposte, une décision saluée par Donald Trump comme « très intelligente ». Néanmoins, le commissaire européen au Commerce, Maros Sefcovic, se rendra lundi à Washington pour tenter de désamorcer la crise.

L’Europe entre diplomatie et pression économique

La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a rappelé que l’UE dispose d’un arsenal de mesures de rétorsion, notamment une taxe sur les revenus publicitaires des plateformes numériques ou encore l’utilisation de l’instrument anticoercition, surnommé le « bazooka » juridique de l’Union.

La Banque centrale européenne suit également l’évolution de la situation. Christine Lagarde, sa présidente, a déclaré que l’institution « est prête à intervenir » si nécessaire, sans préciser de mesures immédiates.

Dans le reste de l’Asie, certains pays comme le Vietnam et le Cambodge, très dépendants de leurs exportations vers les États-Unis, préfèrent éviter toute confrontation directe. L’Asean, leur organisation régionale, a fait savoir qu’elle n’envisageait pas de représailles.

Trump persiste, malgré la tourmente

Donald Trump, quant à lui, s’est montré serein, affirmant que la transition aurait certes « un coût », mais qu’elle serait « bénéfique à long terme ». Il a même menacé d’élargir les droits de douane au Mexique.

Son ministre des Finances, Scott Bessent, a tenté de rassurer les marchés, affirmant ne voir « rien d’inhabituel », alors que certains élus démocrates accusent le président d’avoir manipulé les marchés en incitant à l’achat d’actions juste avant son revirement.