Macron aime innover et chercher à créer le buzz. Il est au rendez-vous d’internet et des réseaux sociaux, pour le meilleur et pour le pire.

Mais l’innovation pour l’innovation ne fait pas beaucoup avancer.

L’idée d’un sommet France /Afrique sans les chefs d’Etat surprend (c’est l’un des effets recherchés, qu’on le dise ou pas), mais avec les entrepreneurs, les intellectuels, les chercheurs, les influenceurs, les créateurs, les artistes, les sportifs, etc, pourrait faire sens.

S’il ne s’agissait pas d’organiser des bavardages qui ne changeront rien.

Attirer les médias, avec des têtes d’affiche  people garantit la couverture et mettra en scène Macron, le président jeune, au milieu des membres de sa génération, dont certains seront flattés d’être invités et repartiront de Montpellier, séduits.

Ce sera déjà ça et Macron le candidat à un deuxième mandat, espère en tirer un bonus dans les sondages où il occupe, jusqu’ici, la première place.

Evidemment, on ne peut résumer la rencontre de Montpellier du 8 octobre, à cela, car il y a des personnalités qui auront, on le souhaite, des discours de rupture, défendant des projets innovants, à même d’apporter des solutions aux problèmes existentiels auxquels font face les jeunes africains et qui ont noms : chômage, éducation au rabais (avec des écoles publiques qui ne se sont jamais relevées des programmes d’ajustement structurels imposés par la Banque mondiale et le FMI), manque de formation, paupérisation, impasse sociale, professionnelle et personnelle.

Avec des Etats sous le poids d’une démographie galopante, d’un endettement exponentiel, faisant face à des poussées de fièvre sociale soulevées et/ou encouragées par des opposants, souvent sans projet politique cohérent, mais qui font feu de tout bois et jettent de l’huile sur le feu de la colère populaire compréhensible.

L’Afrique vit une situation sociale explosive  dont profitent les corrupteurs et les corrompus, les recruteurs de terroristes jihadistes, les opposants qui se parent de manteaux de démocrates et qui sont les chouchous des ONG internationales.

Ce sommet sans chefs d’Etat pourrait aussi désigner ces grands absents comme des empêcheurs de tourner en rond, en oubliant qu’une bonne partie d’entre eux, se  sont soumis au verdict du suffrage universel et méritent donc le respect.

S’il faut oser dénoncer les dictateurs et les combattre ; il faut aussi reconnaître ceux qui agissent, sur le terrain et poussent leur pays sur les rails de l’émergence.

En Afrique de l’Ouest, la Côte d’Ivoire et le Sénégal ont fait des progrès remarquables que tout un chacun peut constater.

Ensuite tout le monde est libre de critiquer et de proposer autre chose aux peuples qui décideront dans les urnes.

Ceux qui gouvernent sont ceux qui sont élus, il faut le savoir.

Intellectuels, chercheurs, artistes, sportifs, « influenceurs », etc, ont une position importante qui mérite respect, mais pas au point de les substituer aux décideurs  politiques.

Une relation France /Afrique saine et féconde, au profit des peuples doit être bâtie sur un socle démocratique.

Le passé colonial qui ne « passe pas », doit être revisité, avec sérénité et objectivité.

Pour que certaines spoliations soient réparées (restitution des œuvres d’art pillées, par exemple), certaines compensations discutées, certaines « fautes » reconnues publiquement et qu’il y ait repentance. Oui, repentance !

Pourquoi deux poids et deux mesures ? Les crimes de la deuxième guerre mondiale, l’holocauste, mais aussi les massacres perpétrés lors de la longue nuit coloniale.

L’esclavage est reconnu comme un crime contre l’humanité ; la colonisation doit aussi être estampillée « crime contre l’humanité ».

Et que le « discours sur le colonialisme » de Césaire, soit consacré universellement , comme un discours de vérité, sur une ignominie qui fait tâche dans la conscience humaine.

« Redéfinir les fondamentaux » de la relation France/Afrique, soit ; mais par un débat exigeant, qui permet aux nouvelles générations françaises et africaines de dialoguer librement et de coopérer honnêtement, dans un respect mutuel, dans des partenariats gagnant-gagnant.

Dans ce monde nouveau, les initiatives de Macron sont à saluer et ses faiblesses à mettre en exergue.

La France n’est plus l’empire qu’elle était. Sa puissance économique est encore importante, cependant ; et il y a des liens culturels que l’Histoire a cimentés entre elle et l’Afrique.

Encore faudrait-il qu’elle s’attaque sérieusement au problème du racisme qui pollue ses ghettos, ses banlieues et une bonne partie de ses populations.

Le « phénomène Eric Zemmour », qui affole les instituts de sondage n’est pas ex-nihilo. Il est l’ombre portée de sentiments xénophobes et racistes qui s’enracinent dans la société française.

Les élites françaises préfèrent détourner le  regard pour ne pas voir la réalité : pourquoi les « CV anonymes » ? Pourquoi le testing devant certaines boîtes de nuit qui refusent les Noirs et les Arabes ?

Pourquoi les discriminations à l’embauche.

Pourquoi l’équipe nationale de football de France qui a gagné la coupe du monde de football en 2018 (la dernière), n’est pas populaire ?

Pourquoi des « cris de singe » dans les stades ?

A l’évidence, la France officielle esquive les vrais sujets comme l’immigration, le racisme etc.

Diminuer les visas n’est pas un bon signe .

Ne pas élaborer une politique assumée de quotas, non plus !

Tous les pays européens, y compris la France, ont besoin d’immigrés, populations vieillissantes obligent.

Un sommet pour aborder, de manière cosmétique, les questions, avec ou sans chefs d’Etat, NON !

Pour se parler franchement et passer aux actes, OUI !