A 31 ans, seulement, l’écrivain Mohamed Mbougar Sarr est consacré par le plus prestigieux des prix littéraires français : le Goncourt.
Face à trois autres concurrents ,il s’est imposé dès le premier tour, s’adjugeant 6 votes sur 10.
Sarr réussit l’exploit d’être le premier écrivain d’Afrique sub-saharienne à remporter ce Prix qui pourrait symboliser l’Olympe de la littérature en France.
Et c’est extraordinaire que cela coïncide avec le centième anniversaire de l’attribution de ce même Prix à René Maran ,le premier « noir »,jugé digne de l’obtenir.
« Batouala » réédité à l’occasion, avait été un coup de canon littéraire qui mit ko le jury du Goncourt, qui eut le courage de jeter son dévolu sur un écrivain de l’Outre-Mer qui bouscula les codes et le confort des salons parisiens, par une écriture à la fois libre ,virtuose et impudique.
Pour décrire la réalité coloniale ,telle qu’elle est, dans sa violence.
Sarr, est ,pour ainsi dire, sur une autre planète ,avec son roman : « La plus secrète mémoire des hommes » .
Il revisite les genres littéraires et mène en bateau et en balade ses lecteurs ,à travers des odyssées verbales ,où les clins d’œil à ses auteurs fétiches qui ont noms : Yambo Ouologuem (dont la tragédie est le fil conducteur du roman),Roberto Bolano (poète chilien).
Et aussi les maîtres des classiques occidentaux, africains et antillais.
Sarr ,cependant ,se veut chevalier de l’universel littéraire. Il joue des mots pour cultiver la réflexion, en philosophe des temps modernes.
Génie précoce, il joue du jazz avec ses expressions et prend un réel plaisir à tisser et détricoter une narration qui tient en haleine ,comme un roman policier.`
La grande culture littéraire, en plus.
Ce jeune homme de 31 ans a du souffle et du talent, car il lui a fallu trois ans pour achever ce chef d’œuvre.
Il compte déjà 4 romans publiés : « Terre ceinte » (2015), « silence des chœurs » (2017) , « De purs hommes » (2018) et « La plus secrète mémoire des hommes » (2021).