Le pape François s’est éteint lundi matin à l’âge de 88 ans au Vatican, suscitant une vague d’émotion à travers le monde. Apprécié pour son franc-parler et son engagement en faveur des plus vulnérables, mais aussi critiqué au sein de l’Église pour ses réformes audacieuses, il laisse derrière lui un héritage contrasté mais marquant.

Depuis l’annonce de sa mort, les hommages affluent de toutes parts. Des dirigeants du monde entier – de l’Iran aux États-Unis, en passant par l’Union européenne, l’ONU, la Russie ou l’Ukraine – ont salué la mémoire d’un homme qu’ils décrivent comme un artisan de paix, un humaniste et un défenseur inlassable des plus faibles. « Messager d’espoir, d’humilité et d’humanité », a déclaré le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres. Donald Trump a exprimé ses condoléances sur les réseaux sociaux, tandis qu’Emmanuel Macron a salué « un pape aux côtés des plus fragiles ». Vladimir Poutine, de son côté, a rendu hommage à un « défenseur de l’humanisme et de la justice ».

Mais ce sont les fidèles qui, les premiers, ont exprimé leur tristesse. À Gaza, Ibrahim Al-Tarazi, chrétien de 33 ans, parle d’une « nouvelle déchirante ». À Buenos Aires, sa ville natale, Juan José Roy, retraité, confie : « C’est une grande perte. Il pensait aux pauvres. » Le pape avait salué la foule pour la dernière fois dimanche, jour de Pâques, visiblement affaibli, incapable de lire lui-même sa bénédiction, mais déterminé à rester proche des fidèles.

Le corps de François sera mis en bière lundi soir à la résidence Sainte-Marthe, avant d’être exposé mercredi à la basilique Saint-Pierre. Le calendrier de ses funérailles sera décidé mardi. Une prière publique est prévue dès ce soir place Saint-Pierre.

Un pontificat de rupture

Premier pape sud-américain et jésuite de l’histoire, Jorge Mario Bergoglio avait été élu en 2013. Durant douze ans, il a profondément marqué l’Église par son style direct, sa proximité avec les fidèles et ses positions progressistes sur de nombreux sujets, notamment la justice sociale, la protection des migrants, ou encore l’écologie, incarnée par son encyclique Laudato si’ (2015).

Malgré des problèmes de santé chroniques (douleurs articulaires, pneumonies, hospitalisations), il avait maintenu un rythme soutenu jusqu’à ces dernières semaines. Son dernier grand déplacement l’avait conduit en Asie-Océanie en septembre, le plus long de son pontificat.

Opposant au commerce des armes et à l’exclusion des minorités, il a souvent dénoncé les injustices dans le monde, mais a peiné à peser sur les conflits, notamment en Ukraine et au Proche-Orient. Sa volonté de réforme de la Curie et de modernisation de la gouvernance vaticane a suscité autant d’admiration que de résistances.

Des réformes et des polémiques

Attaché à une Église « ouverte à tous », François a levé le secret pontifical sur les cas de pédocriminalité et obligé clercs et laïcs à les signaler. Une avancée jugée insuffisante par les associations de victimes.

Son ouverture au dialogue interreligieux, notamment avec l’islam, et son soutien aux migrants lui ont valu de vives critiques des mouvements populistes. En interne, les plus conservateurs ont dénoncé ses positions sur la bénédiction des couples homosexuels ou sa réforme de la liturgie. Le « double magistère » né de la cohabitation avec Benoît XVI, resté au Vatican jusqu’à sa mort en 2022, a alimenté une polarisation inédite au sein de l’Église.

Une fin assumée, une succession ouverte

Le pape avait indiqué fin 2023 vouloir être inhumé dans la basilique Sainte-Marie-Majeure, rompant avec la tradition des papes enterrés sous la basilique Saint-Pierre. Il était apparu ces derniers mois très affaibli, et les spéculations sur une éventuelle renonciation s’étaient multipliées, dans la lignée de son prédécesseur.

Le conclave chargé d’élire son successeur devrait se réunir dans les prochaines semaines. Environ 135 cardinaux électeurs, dont 80 % nommés par François lui-même, auront à désigner celui qui prendra la relève du 266e pape, dont le pontificat aura été marqué par une volonté constante de remettre les marges de l’Église au centre.