Macron est attiré par les caméras comme les mouches par le miel. Arrivé le premier dans la capitale libanaise dévastée par deux explosions causées par plus de 2700 tonnes de nitrate d’ammoniaque stockés dans un entrepôt au port de Beyrouth est pour lui une opportunité médiatique à saisir d’urgence.

Il peut prétexter avoir envoyé son ministre des Affaires étrangères, il y a quelques jours sur place, pour tancer les responsables politiques incapables de s’accorder sur un plan de relance économique dans un pays qui fait face à sa pire catastrophe dans ce domaine.

Pour mettre en exergue la relation particulière entre Paris et Beyrouth et aussi souligner le fait que 25 000 citoyens français vivent dans ce pays. Tout cela est vrai, mais n’explique pas l’empressement du président Macron à débarquer sur place pour visiter les ruines et rencontrer les politiques.

Il est certes précédé de trois avions transportant de l’aide et des hommes pouvant apporter  un soutien aux libanais durement éprouvés par ces explosions  qui ont déjà fait plus 137 morts (au moment où ces lignes sont écrites) et 4000 blessés.

300 000 personnes sont sans domicile et l’estimation du coût des dégâts est chiffrée à 3 milliards de dollars. Dans cette situation d’apocalypse, la présence de Macron va faire diversion, quelles que soient ses intentions.  Jean Luc Mélenchon, pour une fois, à raison de critiquer son adversaire politique.

Le Liban a sollicité l’aide de tous les pays capables de le faire et commence à recevoir des tonnes de matériels d’abord de ses voisins : Arabie Saoudite, Émirats arabes unis etc. L’aide française est la bienvenue. Si la démarche médiatique de Macron pose problème c’est parce qu’on ne sait pas vraiment ce qu’il peut apporter de plus.

La France n’a pas les moyens de donner plus car, elle est, elle-même en récession économique du fait du covid 19. Quand l’idée que Macron puisse mobiliser la communauté internationale sur cette question, cela pourrait faire sourire si la tragédie n’était au rendez-vous. Le problème est qu’on n’instrumentalise pas les tragédies et qu’on ne devrait pas céder à l’appel des caméras, en toutes circonstances.

La France n’a pas les moyens de mettre de l’ordre au pays du cèdre miné par la corruption et un système politique confessionnel à bout de souffle. Seuls les libanais peuvent régler ce problème  vital pour leur peuple. Macron n’a pas les moyens politiques d’aborder ce sujet très sensible dans un pays dont l’équilibre sociopolitique est précaire.