Le président libanais Michel Aoun lors de la première réunion avec le nouveau gouvernement

C’est hier que le Premier ministre Hassan Diab a réussi à présenter une liste de 20 personnes composant les membres de son gouvernement tant attendu. Il qualifie son équipe « d’hommes et de femmes compétents et indépendants » n’appartenant à aucun des partis politiques. Il reste cependant évident que Diab, lui-même a été proposé au poste de Premier ministre par le parti chiite Hezbollah, très lié à l’Iran. Sa nomination a également bénéficié du soutien de l’autre parti chiite « Amal », non moins dépendant, et le Courant Patriotique libre (CPL) du vétéran Michel Aoun. En revanche, le parti de « l’Avenir » (Al-Moustaqbal) de l’ancien Premier ministre Saad Hariri, les Forces libanaises de Samir Geagea et la formation du Patriarche Druze Walid Jumblatt, ont décliné l’offre de faire partie du nouveau gouvernement.

Malgré les assurances du Premier ministre Hassan Diab, dont personne ne doute de la compétence, la rue libanaise continue à bouillonner. Les manifestations ont repris de plus belle et deviennent, de plus en plus violentes. On parle déjà d’un bilan de plus de 500 blessés. Les grandes artères de Beyrouth sont souvent bloquées par les manifestants qui n’hésitent pas à brûler des pneus. Les services de sécurité usent de leurs bombes lacrymogènes et brutalisent par moments, les manifestants qui ripostent comme ils peuvent. Il s’y ajoute que le Liban traverse une crise économico-socio-politique sans précédent. Plusieurs écoles sont fermées depuis des mois, les banques fonctionnent à peine, alors que la livre libanaise s’est dépréciée à plus de 30% par rapport au dollar et l’endettement a atteint des propos inquiétantes (plus de 150% du PIB). En résumé, un pays complètement à genou.

C’est dire que les défis qui attendent cette nouvelle équipe sont à la fois, urgents et graves.

Convaincre les manifestants à mettre fin au « Hirak », lutter contre la corruption qui gangrène l’administration et remettre le pays en marche, telles sont les urgences qui ne pourraient souffrir d’aucune attente.

Or, les premières réactions des Libanais moyens, à la suite de l’annonce de la composition de la nouvelle équipe, n’inspirent guère confiance : « Si les membres du nouveau gouvernement ne sont pas des politiciens affichés, il n’y a aucun doute, qu’ils ont été tous choisis par les politiciens, ce qui revient au même », soulignent-ils.

Il importe de noter cependant, que la nouvelle équipe comprend six femmes, ce qui est une nouveauté au Liban. Une d’entre elles, Zeina Akar, est la Vice-présidente du Conseil et ministre de la Défense !  De même, la parité entre chrétiens et musulmans a été également respectée.

La quasi-totalité des ministres sont certes, des technocrates, peu connus du grand public, mais cela suffira-t-il pour crédibiliser le gouvernement Diab auprès des Libanais, déjà déçus, par les tractations politiciennes qui ont précédé la formation de cette nouvelle équipe ?

Les prochains jours fourniront des réponses à cette interrogation !