Le président américain s’est adressé hier soir, une nouvelle fois, à ses compatriotes pour défendre, avec force, sa décision de mettre fin à la « plus longue guerre des USA ».

Selon un sondage publié (le 31 Août), 54% des Américains approuvent son choix ; mais 42% jugent médiocre la manière dont l’évacuation des troupes a été menée.

Dans son discours offensif et marqué par beaucoup de frustration, Biden a affirmé que le choix était : ou  se retirer, ou basculer dans une escalade militaire, avec l’envoi de milliers de soldats, en plus.

Il a rappelé qu’il a hérité d’un accord conclu par Trump avec les Taliban qui stipulait que l’évacuation des soldats américains devait commencer le 1er Mai 2021.

Il a renégocié pour un deadline, trois mois plus tard, fixé au 31 août.

Il a fait remarquer qu’un retrait qui aurait été entamé ; alors que les combats faisaient rage entre Talibans et quelques forces gouvernementales dans le pays, aurait été catastrophique.

En vérité, reconnaît-il, il n’était pas possible d’organiser une évacuation sans tension.

Ses critiques républicains et démocrates ont ciblé sa précipitation, le manque de professionnalisme, entre autres dysfonctionnements qui ont semé le chaos et terni l’image des USA.

La pertinence des arguments du président américain -qui a précisé que la décision de retrait a été approuvée par l’ensemble des chefs de l’Armée qu’il a consultés- est discutable.

Mais, une retraite militaire, après 20 ans de guerre peut-être ordonnée, dans un pays dont la capitale est occupée par l’« ennemi » qui se bat avec d’autres ennemis, présents sur le sol national ?

La réponse est négative, assurément comme l’attentat-suicide perpétré par l’Etat Islamique aux abords de l’aéroport de Kaboul, l’a démontré, et aussi les tirs de roquettes subis.

La stricte vérité est qu’après la débandade de l’armée afghane et la fuite du président Ghani, la victoire totale des Taliban était consommée.

Il est vrai que cet échec est aussi celui des Américains qui, en 20 ans de présence, plus de 2000 morts et plus de 1000 milliards de dollars dépensés, n’ont pas réussi à mettre sur pied une force nationale de défense afghane crédible, patriote et déterminée à faire face aux Talibans obscurantistes.

C’est ce constat qui a conduit Biden à mettre fin à une guerre impossible à gagner, dans un tel contexte, où il n’y a pas d’Etat-nation (mais des tribus), avec une population qui s’était accoutumée à la dépendance américaine.

Biden a privilégié l’intérêt national américain et le réalisme politique : pourquoi se battre et mourir pour des gens qui neveulent pas le faire pour eux-mêmes ?

Les afghans ne peuvent pas obtenir une démocratie par procuration. S’ils refusent vraiment et majoritairement le Moyen-Âge taliban ; alors ils devront lutter, vaincre ou mourir.

Pour le moment ils ont choisi de courber l’échine, sauf dans le Pandjchir, par exemple, où Massoud Jr, fait de la résistance .

La victoire talibane n’est donc pas totale et, il y a aussi l’EI, qui continue de donner des coups sanglants aux Taliban, sur le sol afghan.

Cette nouvelle situation interpelle la communauté internationale, car l’Afghanistan va demeurer un territoire où les jihadistes de l’EI ont pris pied.

Et, peuvent donc se projeter pour commettre des attaques suicide dans d’autres parties du monde.

BIden a fait le bon choix pour son pays et met toute la communauté internationale face à ses responsabilités.

L’Amérique n’est pas le gendarme du monde.

Elle était venue en Afghanistan pour se venger de Ben Laden et de Al Qaida et a accompli la mission qu’elle s’était assignée.

Elle aurait dû se retirer depuis, au-lieu de s’enliser dans une guerre qui restera la plus longue pour les USA. Même si elle n’est pas la plus coûteuse en termes de pertes en vies humaines et en ressources financières.

Biden réussira-t-il à effacer des mémoires les images choc des personnes entassées à l’aéroport de Kaboul, celles de personnes courant sur le tarmac, encadrant un avion ?

Rien n’est moins sûr !

Il a cependant encore quelques mois pour dissiper les doutes sur son leadership et renouer avec la grande popularité qui lui a permis de battre Trump, avant novembre 2022 .

C’est un gros challenge politique qui va marquer le reste de sa présidence. A un ou deux mandats ? Avec un congrès hostile-majorité républicaine ou favorable démocrate- ?

Le retrait d’Afghanistan pourrait ne pas peser beaucoup sur la balance, par rapport aux urgences domestiques : lutte contre la Covid, défis à relever pour la croissance économique, les emplois, l’immigration, la sécurité, etc.