Les soldats américains plient bagages ; les Talibans reviennent en force.
Alors que le retrait des troupes américaines doit s’achever dans trois semaines ; les capitales régionales tombent dans l’escarcelle des Talibans les unes après les autres.
Au moment où ces lignes sont écrites : 9 sur 34 et la cadence devrait s’accélérer dans la mesure où les soldats de l’armée régulière fuient au lieu de combattre.
Beaucoup baissent les armes et traversent les frontières comme des centaines de milliers de réfugiés en Iran, au Pakistan.
Le président américain, Joe Biden a été on ne peut plus clair : « les Afghans doivent se battre » pour eux-mêmes.
Autrement dit, pour les USA, la page de l’engagement massif -qui a duré 20 ans- est définitivement tournée.
Cela se comprend parfaitement car cette très longue guerre est sans issue : jamais aucune armée étrangère n’a réussi à soumettre totalement les Afghans, un peuple résilient, avec des combattants fiers et redoutables.
Des gens qui ne s’avouent jamais vaincus, comme les Russes l’ont appris à leurs dépens, et avant eux les britanniques et, maintenant les Américains.
Joe Biden a décidé d’arrêter frais. Il a raison.
Ce sont les Afghans qui sont les premiers intéressés et doivent choisir de se battre ou d’accepter la dictature des Talibans.
Une guerre par procuration est un tonneau des Danaïdes et l’Amérique, après le Vietnam et l’Irak, a appris sa leçon et bien compris qu’elle n’a pas vocation à jouer le gendarme du monde.
Le voudrait-elle ; elle n’en a pas les moyens et ce n’est pas, au fond, son intérêt.
Sauf que c’est dans l’intérêt bien compris des démocraties du monde d’aider les Afghans à empêcher un retour des Talibans, islamistes rigoristes, inflexibles et sans états d’âme au pouvoir.
Avec le risque de permettre aux jihadistes du monde entier d’avoir une « base ».
Les mêmes causes produisant les mêmes effets, cette future nouvelle base sera une menace pour le monde entier.
Mais que faire ? Continuer à soutenir un Etat sans consistance, avec une armée composée de soldats défaitistes, ce n’est pas une option pertinente.
Biden a fait le constat qui s’impose : la note est trop salée pour son pays en termes de soldats tués et d’argent dépensé : 2443 morts et 1000 milliards de dollars.
Il est vrai que 165 000 Afghans ont aussi perdu la vie etc.
Pour Washington le bilan n’est plus soutenable, malgré les critiques de l’ex-président Bush Jr.
Les guerres interminables sont des impasses politique, militaire et financière, bref un piège.
Il n’y a presque jamais de bonne manière de s’en sortir car c’est presque toujours une défaite.
Le retour des Talibans est un sérieux revers pour l’Occident qui apprend, une fois encore, que son modèle n’est pas universel.
La république islamique d’Iran, le régime Nord coréen, Cuba, l’Albanie de Enver Hodja, pour ne citer que ces exemples, sont des « singularités » aussi visibles que le nez au milieu du visage.
La colonisation, « œuvre de civilisation » proclamée, action de prédation et de déshumanisation constatée et vécue, n’y a rien pu.
Les peuples revendiquent toujours et assument leur spécificité culturelle.
Que le régime taliban soit un scandale, c’est évident car les Droits de l’homme sont bafoués, la dictature imposée et l’islamisme érigé en dogme.
Le seul combat qui peut réussir et qui va prendre du temps, est celui d’éduquer les populations à la liberté et aux lumières de la connaissance, à l’esprit critique.
20 ans de guerre n’y ont pas suffi, parce que l’accent a été mis ailleurs : dconsolider un Etat miné par les rivalités communautaires et la corruption.
L’échec est patent et Biden en a tiré les conséquences logiques.
Cependant le vide va favoriser l’arrivée au pouvoir des talibans qui vont mettre le pays en coupe réglée, sous couvercle fondamentaliste.
Et c’est une très mauvaise nouvelle pour le reste du monde qui aspire à la paix .