Apprendre de ses erreurs, est, ce que dicte le simple bon sens. Et c’est ce qu’ont fait les Taliban, vingt ans après avoir été vaincus et chassés du pouvoir, en Afghanistan.
Ont-ils mûris ? Convertis à la démocratie ? Rien n’est moins sûr !
Mais, ils font de la com. Et cherchent à gommer l’image de Barbares sanguinaires qui leur collait à la peau avec la gestion brutale du pouvoir qui les a rendus tristement célèbres et précipité leur chute, avec l’intervention américaine et les alliés de l’OTAN.
Leur soutien ouvertement assumé à Al Qaeda de Ben Laden, a été l’erreur de trop qui a poussé Washington à monter une opération gigantesque de punition qui a fait voler en éclats leur régime moyenâgeux.
C’était, il y a deux décennies, et aujourd’hui, ils fêtent leur reconquête du pouvoir, rendue possible par l’échec des « démocrates afghans », noyés dans la corruption et l’incapacité de construire une « nation afghane ».
Profiter du parapluie américain et des dollars qui tombent avec, sans se soucier de l’état réel des 300 000 soldats de l’Armée régulière, bref abuser de la facilité, sans « science, ni conscience », telle est la cause principale de la faillite actuelle. Et du retour des Taliban.
Ces derniers ont certainement fait l’analyse concrète de la réalité concrète et compris une leçon élémentaire de la science : « les mêmes causes, produisent les mêmes effets ».
Les régimes brutaux secrètent leur propre antidote, en suscitant la révolte des populations, tôt ou tard.
Cette fois-ci donc, les « Talibans nouveaux » avancent masqués : ils déclarent l’amnistie générale, demandent aux fonctionnaires de reprendre le travail, se font interviewer à la télévision par des femmes sans burka, proclament que ces dernières pourront aller à l’école et travailler, dans le respect des principes islamiques etc.
Ils ont négocié depuis longtemps avec les Américains, notamment à Doha et ont accepté d’entrer dans Kaboul pacifiquement, ville désertée par le régime vaincu de Asrhef Ghani qui a choisi de prendre la poudre d’escampette.
Depuis, les Taliban laissent tranquilles les Occidentaux, Américains en tête, organiser les évacuations de leurs ressortissants et autres collaborateurs afghans.
Les scènes chaotiques du début, sont déjà un vieux souvenir car les fuyards ont vu que les vainqueurs Taliban semblent doux comme des agneaux. Ils contrôlent la circulation et assurent la sécurité, sans faire de chasse aux sorcières, pour le moment.
La stratégie semble marcher car les Européens envisagent de prendre langue avec les « vainqueurs », la Chine les a déjà adoubés, la Russie maintient son ambassade ; les Américains ont fait savoir que s’il y avait des « possibilités diplomatiques », ils répondraient présents.
Le Premier ministre canadien Justin Trudeau, en campagne électorale, joue les durs et exclut toute « reconnaissance du régime taliban ».
Le réalisme politique pourrait le rattraper, un jour.
En attendant, la situation est claire : les Taliban sont de retour et ne vont pas suivre la ligne féroce d’il y a deux décennies qui avait fini par leur chute spectaculaire.
Les Occidentaux ont intérêt à dialoguer pour éviter le pire aux Afghans, en général.
Qu’ils le veuillent ou non, Vingt ans de présence américaine vont laisser des traces indélébiles.
Washington a certes échoué en Afghanistan, comme au Vietnam, mais a réussi au Japon et aussi en Allemagne, pour ne prendre que ces deux exemples, parce que les objectifs de sa longue présence n’ont jamais été bien précisés en Afghanistan?
Venger le 11 septembre 2001 est une chose, transformer un peuple qui ne le veut pas en est une autre.
Biden a fait le bon choix de mettre fin à une opération coûteuse en vies humaines et en dollars.
Les Taliban vont devoir gérer un pays qui a beaucoup changé, notamment à Kaboul, où presque une nouvelle génération n’a jamais connu « la vie sociale dans l’orthodoxie talibane ».
Va-t-elle accepter de courber l’échine et de subir la féodalité ?
Les Taliban n’ont pas les moyens d’imposer une nouvelle chape de plomb sur leur pays.
S’ils veulent durer au pouvoir, ils devront mettre beaucoup d’eau dans leur thé islamiste. Un « talibanisme light », est-ce possible ? L’avenir le dira.