Le candidat de la gauche radicale, Pedro Castillo a été déclaré officiellement, vainqueur de la présidentielle, un mois après l’élection.

Il devance d’un peu plus de 44000 voix la candidate de droite Keiko Fudjimori (50,12% contre 49,87%).

Cette dernière a reconnu sa défaite et a exhorté ses partisans à en faire de même et à continuer le combat démocratique.

Pour Castillo, le plus dur commence car s’il décide d’appliquer à la lettre, son programme gauchiste, il va se heurter à une opposition farouche, très représentative.

Il y a surtout le risque de rejoindre les Etats d’Amérique latine qui ont basculé dans le gauchisme et qui ont, tous échoué à garantir les droits démocratiques des citoyens et pire, à impulser le développement économique.

Castillo a un défi redoutable à relever et n’a que son « populisme » à offrir.

L’ancien instituteur n’a pas la formation nécessaire et a des idées limitées pour sortir un pays  comme le Pérou de sa situation complexe, à la fois politique, sociale et économique.

La férocité des attaques pendant la campagne électorale, est indicative des oppositions radicales qui divisent le pays.

Le Pérou est comme un pays improbable où les inégalités sont criardes et les populations « indigènes » que représente Pedro Castillo ont toujours été laissés pour compte.

Castillo doit changer la donne, mais en quoi faisant ?

En Bolivie, Evo Moralès avait échoué  pendant ses mandatures, s’était exilé, avant de « faire conquérir le pouvoir » à un de ses partisans.

Le Pérou n’est pas la Bolivie, beaucoup moins développée ; mais le sort des « indigènes » est comparable.

C’est le cas d’ailleurs dans d’autres Etats du sous-continent latino-américain qui souffre  de ses cicatrices historiques héritées des colonisations barbares espagnole, portugaise, française, hollandaise et anglaise.

C’est bien ce passé douloureux qui ne passe pas, qui explique la persistance de ses sociétés fracturées aux communautés très éloignées les unes des autres, sur presque tous les plans.

Les indigènes sont encore les laissés pour compte et pourraient considérer la victoire de Castillo comme une revanche.

Mais le programme de Castillo qui prévoit la nationalisation de certaines entreprises exploitant « les ressources stratégiques », s’il est appliqué, ferait éclater une bombe politique dévastatrice.

En effet les compagnies étrangères qui exploitent l’or (le Pérou est le 5 ème producteur d’or du monde), le pétrole, le cuivre, etc, ne se laisseront faire et ont des moyens importants.

Elles sont argentines, mexicaines, américaines, etc.

Et ont déjà provoqué des centaines de conflits sociaux dans le pays qui a cependant connu une croissance économique ininterrompue pendant trois décennies. Avant de sombrer dans une crise économique terrible depuis l’éclatement de la pandémie de la Covid.

Celle-ci a plongé un tiers des péruviens dans la pauvreté, menacés de famine et dépendant des soupes populaires, notamment à Lima, la capitale.

Cette situation sociale catastrophique explique, en grande partie la victoire, sur le fil, du candidat gauchiste Pedro Castillo.

C’est dire que les attentes sont très grandes de la part des classes sociales les plus pauvres.

Le problème est que les « recettes » gauchistes n’ont jamais marché sur le plan économique.

L’URSS a fini par imploser, la Corée du Nord vit en autarcie, sous parapluie chinois, la Chine, elle-même a basculé dans le capitalisme pour sauver son régime communiste, avec « un pays, deux systèmes », le capitalisme triomphant, nourrissant le communisme pur et dur. Il fallait y penser pour réaliser une « telle synthèse ».

Cuba a « réussi » sa politique médicale et a abdiqué tout le reste : développement économique, liberté politique, respect des droits de l’homme. Depuis quelques semaines, un vent de révolte souffle dans ce pays qui résiste, cependant aux USA, depuis plus de 60 ANS.

Quid du bien-être de ses habitants ?

Le Pérou entre dans une période d’incertitude avec l’avènement de Castillo.

Les mêmes causes produisant les mêmes effets, un « vénézuelisation» du pays est à craindre, s’il se met à dos les compagnies multinationales .

Les nationalisations ne sont pas une panacée.

La Démocratie exige que la politique nationale favorise le plus grand nombre.

Il faudrait donc satisfaire cette exigence, tout en n’hypothéquant pas la stabilité du pays.

Dialoguer pour faire lâcher du lest aux investisseurs capitalistes serait le chemin de la Raison.