Un juge fédéral a mis un coup d’arrêt à la suspension de l’aide humanitaire et au développement, décidée fin janvier par Donald Trump pour une durée de 90 jours. La décision empêche l’administration de geler les fonds destinés à ces programmes.

Un blocage judiciaire d’ampleur

Le juge Amir Ali a interdit à l’administration américaine de « suspendre, cesser ou entraver » les versements des fonds d’aide humanitaire internationale, selon une décision consultée par l’AFP. La mesure concerne les « contrats, subventions, accords de coopération et prêts en vigueur au 19 janvier 2025 », veille de l’entrée en fonction de Donald Trump.

L’USAID, principale agence américaine d’aide au développement, gère un budget de 42,8 milliards de dollars, soit 42% de l’aide humanitaire mondiale.

Une suspension contestée

Dès le jour de son investiture, le 20 janvier, Donald Trump a signé un décret gelant l’aide étrangère pendant 90 jours, le temps d’un réexamen général. Il souhaite ainsi vérifier la conformité des programmes avec sa politique, notamment sur des sujets comme l’avortement, le planning familial ou la promotion de la diversité.

Le juge Ali a toutefois critiqué ce gel, estimant que l’administration n’avait pas expliqué pourquoi cette suspension globale était nécessaire pour mener son réexamen. Il a été saisi par deux organisations regroupant des entreprises, ONG et bénéficiaires de ces fonds, qui craignent des conséquences dramatiques pour leurs activités.

Des répercussions mondiales

Le gel de l’aide américaine menace de nombreux programmes à travers le monde. En Amérique latine, des projets contre le narcotrafic et la corruption sont déjà paralysés. L’ONG Action contre la Faim a suspendu 50 projets, tandis que l’organisation norvégienne Norsk Folkehjelp, spécialisée dans le déminage, doit licencier 1.700 employés dans 12 pays.

Le président Trump accuse l’USAID de corruption et souhaite réduire ses effectifs de 90%. Son secrétaire à la Santé, Robert F. Kennedy Jr., qualifie l’agence de « propagateur du totalitarisme » et Elon Musk appelle à sa « destruction ».

Un rapport accablant et des tensions internes

Un rapport publié lundi par l’inspecteur général Paul Martin met en garde contre l’incertitude entourant 8,2 milliards de dollars de fonds engagés mais non décaissés en raison du gel des programmes. Suite à cette publication, Paul Martin a été limogé.

Avec cette décision judiciaire, l’aide humanitaire américaine pourrait être relancée, mais la bataille politique autour de ce sujet semble loin d’être terminée.