Les démocrates de la chambre des représentants, sous leur contrôle, ont lancé, ce jour, une procédure « accélérée » de destitution contre Donald Trump qui vit sa dernière semaine complète à la Maison Blanche. L’acte d’accusation déposé au Congrès, met en exergue “l’incitation à l’insurrection” dont il est coupable pour avoir, publiquement, exhorté ses partisans à marcher sur le Capitole.

Cet assaut sans précédent sur le « temple de la démocratie américaine » a causé, de manière directe ou indirecte, la mort de 5 personnes dont un policier, dans l’exercice de ses fonctions. Il a abouti à des actes de vandalisme et, pire, à un déferlement d’une horde sauvage de nazis qui aurait pu mettre en danger les élus qui représentent le peuple américain à la chambre des représentants et au sénat. Sans oublier les travailleurs nombreux qui exercent au Congrès.

L’acte posé par Trump est gravissime et justifie la démarche initiée par les démocrates. Celle-ci va être couronnée de succès, assurément, à la chambre des représentants où les démocrates sont majoritaires. Au sénat, rien n’est garanti car Trump, malgré les suspensions de ses comptes twitter et Facebook, continue d’inspirer une crainte paralysante. Même si l’initiative démocrate risque de ne pas aboutir avant la fin du mandat de Trump, elle pourrait se poursuivre, après le départ de celui-ci.

A quoi servirait-elle alors ? A compter les élus républicains qui sont plus loyaux à l’homme Trump qu’à la Constitution et au peuple américains. Des élus qui cautionneraient un assaut sur le Congrès et la violence qui l’a accompagné, ayant entrainé des pertes en vies humaines. La procédure de destitution, aussi tardive soit- elle, est éminemment politique et permet de diviser encore davantage le camp républicain.

Mais elle mérite d’être encouragée pour mettre l’accent sur l’irresponsabilité de Trump, le danger qu’il fait peser sur la démocratie, sson aveuglement, ses tendances dictatoriales et ses convictions fascistes. Pour que l’homme soit écarté, à jamais, de la présidence. Toutefois une deuxième destitution formelle n’impliquera pas, ipso facto, une impossibilité à se présenter en 2024. Il faudrait une condamnation pénale ou la mise en branle du 25 ème amendement de la Constitution qui permettrait de l’évincer du pouvoir pour « incapacité » à exercer ses fonctions de chef de l’exécutif.

Pour cette procédure, Mike Pence, vice-président, a la main. Osera-t-il actionner ce levier ? Rien n’est moins sûr, même s’il a pris ses distances avec Trump et a décidé d’assister à l’investiture de Joe Biden le 20 janvier. Quoiqu’il en soit, les démocrates ont déposé une autre résolution pour demander à Pence de démettre Trump en brandissant le 25 ème amendement. Un vote sur cette deuxième résolution aura lieu ce mardi. Et Pence devra se mouiller avec ou contre Trump.

La fin de mandat de Trump restera dans les annales comme celle de toutes les turpitudes d’un homme aux abois qui va continuer à brûler Washington, comme Néron avait mis le feu à Rome. Une camisole de force judiciaire est un impératif pour castrer politiquement ce monstre surgi des entrailles de la démocratie américaine qui est très fragile. Comme toutes les démocraties. Le pire des systèmes à l’exclusion de tous autres comme dit Churchill.