Au vu des foules nombreuses qui envahissent les rues de plus de 40 villes américaines dans des dizaines d’Etats, on en oublie la menace mortelle du coronavirus qui imposait un confinement naguère presque partout dans le pays.
L’assassinat brutal de George Floyd par le policier Derek Chavin qui lui a coupé la respiration en le plaquant au sol avec son genou sur la nuque pendant de longues minutes, a suscité une colère et une révolte que rien ni personne ne pouvait contenir.
Même pas la pandémie du coronavirus qui a déjà tué plus de 100.000 personnes aux USA. Le combat pour le respect des droits de l’homme, à commencer par le premier d’entre eux qu’est le droit à la vie, transcende toutes les peurs.
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Et ce soulèvement populaire, en pleine crise sanitaire, révèle aussi une face plus que positive de l’Amérique capable du meilleur pour défendre les valeurs proclamées dans sa Constitution et dans sa déclaration d’indépendance à savoir l’égalité des hommes, tous les hommes devant la loi. Le respect qui leur est dû en tant que citoyen libre, la protection des forces républicaines garantes de l’ordre et de leur sécurité.
L’élan suscité par l’onde choc de ce crime crapuleux et scandaleux est aussi contagieux que le coronavirus, et contrairement à lui, fortifie les âmes au lieu de les détruire. C’est un élan d’humanisme qui magnifie l’homme comme étalon des valeurs que le tristement célèbre Chauvin a piétiné au propre comme au figuré, sur l’asphalte de Minneapolis.
Son geste brutal est perçu comme un « crime contre l’humanité » écrasée, bafouée et souillée par un lâche criminel accompagné de trois complices dont la passivité acte la culpabilité.
C’est pour quoi ces trois policiers complices méritent le même sort que Chauvin qu’ils doivent retrouver en prison, en attendant une confrontation avec la justice. La rue demande cela, à juste raison.
Nul ne comprendrait que les manifestations s’arrêtent sans que tous les policiers impliqués dans cet assassinat barbare ne soient inculpés et placés en détention. Il a fallu les premières révoltes populaires pour que Chauvin soit inculpé et arrêté, alors que tout le monde a vu la vidéo du crime abject.
Les autorités du Minnesota n’ont toujours pas compris que les quatre criminels en tenue de leur Etat ont déclenché un tsunami de révolte populaire qui envahit toute la République. Cette déferlante, en pleine, pandémie est une lame de fond dont les effets sur la société américaine vont être ressentis pendant longtemps.
Il est même permis de penser que, cette fois, des actions courageuses suivront pour extirper des forces de police la gangrène raciste qui les mine, presque partout sur le territoire américain.
Le meurtre ignoble de George Floyd est plus qu’un « wake up call », c’est un moment historique qui pourrait faire basculer le pays dans de la Vertu salutaire pour qu’il retrouve l’âme de ses textes fondateurs humanistes mais jamais appliqués en faveur de tous les citoyens. Les foules nombreuses qui défient la police et le virus sont colorées et, à vue d’œil majoritairement blanche ou « claire ».
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Il faut s’en féliciter, car le rôle des Blancs, particulièrement des plus jeunes d’entre eux, est fondamental pour favoriser un changement global de comportement respectueux tout simplement. Parce que sans l’action des citoyens majoritaires que sont les Blancs, rien de décisif ne se produira.
Le combat politique est aussi de sensibiliser cette frange de la population ; normalement vierge des stigmates laissés, chez les plus vieux, par un passé douloureux de discriminations raciales et d’assassinats politiques.
Ce choix permet de ne pas désespérer de l’Amérique réconciliées avec ses valeurs toujours affirmées et violées. Une Amérique qui a mal d’elle-même et que pourrait sauver sa jeunesse arc-en-ciel.
Bien sûr, il y aura toujours le boulet des inégalités de la société capitaliste et les violences sociales qu’il génère. Mais cela n’implique pas nécessairement une police droguée de racisme et en proie à l’instinct de mort. Evidemment sans un développement plus démocratique de l’enseignement, rien de durable ne sera construit. Une police républicaine est éduquée aux valeurs républicaines.
Maintenir l’ordre n’est pas une licence pour tuer.