Le poison du trumpisme va continuer de miner le parti de Lincoln, en provoquant un cancer idéologique qui est en train de se métastaser dans les Etats et aussi au sénat. C’est pourquoi, il est hautement improbable que le 45e président battu, soit destitué au niveau du sénat ; ce qui aurait entrainé son éviction à vie de la politique. Car, pour ce faire, il est impératif que 17 sénateurs, au moins se joignent au 50 sénateurs démocrates pour voter « l’impeachment ». Seul un miracle produirait un tel scénario qui sonnerait le glas de l’aventure scandaleuse d’un homme raciste, sans scrupules, et qui ne respecte rien ni personne dans le champ politique américain au plus haut niveau.
Bien sûr, avant Trump, il y a une galerie de portraits possibles où figureraient, en bonne place, le sénateur McCarthy, les membres du KuKlux Klan passés et actuels, le tristement célèbre gouverneur Wallace, les esclavagistes sudistes en bloc, les racistes et antisémites toutes cohortes confondues, les islamophobes, les Blancs suprémacistes, les nazis de toutes obédiences, des cinéastes comme D.W.Griffith(naissance d’une nation), Victor Fleming (Autant en emporte le vent) etc… Ce n’est pas étonnant qu’un pays né du génocide des Indiens et de l’esclavage des Noirs ait produit autant de racistes. Mais, il a aussi réussi à développer une démocratie remarquable qui a encore triomphé, avec la défaite cinglante infligée à Trump. Avec, auparavant, l’élection historique d’un africain-américain président de la République, Barack Obama. Et, cette fois-ci, l’avènement, à la vice-présidence, d’une femme, pour la première fois et qui de « couleurs » à la fois noire et indienne.
L’Amérique est bien le pays de tous les paradoxes où, comme dans toutes les démocraties, la fragilité règne. Mais la lâcheté, aussi et c’est ce qui gagne les républicains, particulièrement les élus qui ont la trouille de voir Trump organiser des représailles électorales contre eux, si jamais ils votaient pour le destituer et que l’opération échouait. Parce que si jamais Trump était destitué à vie, son égocentrisme lui imposerait de se détourner de la politique. En tout cas, jamais Trump ne va mouiller son maillot pour gagner quelqu’un d’autre à la présidentielle. Et pour les sénatoriales, son engagement en Georgie a bien démontré qu’il n’a rien apporté aux candidats républicains qu’il a plutôt enfoncé. La crainte que suscite Trump se nourrit d’une paranoïa et de sentiments racistes chez beaucoup de républicains qui n’osent pas se l’avouer.
C’est pourquoi, le combat pour « Black Lives Matter » doit continuer, partout, pour déraciner l’idéologie pernicieuse qui continue de coloniser des esprits faibles qui ont peur de l’avenir, dans une société post-raciale, où triomphe la diversité et tous les talents. Le parti de l’éléphant a un défi colossal à relever s’il veut retrouver l’aura de Lincoln et les inspirations intégrationnistes des Bush père et fils qui ont promu les Condoleeza Rice et Colin Powell, entre autres. Le conservatisme républicain, s’il doit se développer et attirer de nouvelles générations multicolores, n’a pas d’autres choix que de se séparer des racistes comme Trump. Quelqu’un comme le sénateur de l’Utah, Mitt Romney l’a bien compris. Il est minoritaire, mais son courage est exemplaire. D’autres comme Guiliani, Ted Cruz ou Rubio ont vendu leur âme au diable et doivent s’attendre à des retours de bâtons. Tôt ou tard ! Affronter Trump ou perdre son âme, le parti républicain est sommé de choisir.