L’élection surprise du démocrate Doug Jones pour remplacer le sénateur démissionnaire Jeff Sessions devenu ministre de la justice constitue un véritable camouflet contre le président Donald Trump. En effet ce dernier s’était engagé à fond dans la campagne pour soutenir le candidat républicain Roy Moore qui, au final, a été battu. La défaite est certes obtenue sur le fil mais comme l’a reconnu Trump lui-même : « une victoire est une victoire ». Avant d’essayer d’en minimiser l’impact.

Comme toujours Trump réinvente la « vérité » : il a demandé aux citoyens de l’Alabama de voter pour Roy Moore pour lui permettre de continuer à dérouler son agenda politique au sénat où la majorité républicaine est ténue(elle était de 2 voix : 52 contre 48). Maintenant elle n’est plus que d’une voix :51-49.

Il s’y ajoute que la voix du sénateur John McCain de l’Arizona n’est pas toujours acquise à Trump qui court désormais un grand risque de voir certaines de ses initiatives bloquées. Toutefois, même s’il y avait égalité de voix : 50/50, la voix du vice-président pourrait faire la différence.

Néanmoins cette défaite consacre ce qui semble être une tendance lourde dans l’opinion qui prend ses distances avec le chef de la Maison Blanche qui fait perdre systématiquement les candidats qu’il soutient. En outre sa cote de popularité est en chute libre.

En Alabama, Etat sudiste où aucun démocrate n’avait gagné depuis un quart de siècle, la victoire de Doug Jones est un coup de tonnerre. Elle démontre que la mobilisation des Africains Américains est décisive dans un tel endroit où ils représentent près d’un tiers de l’électorat. Ils ont massivement voté pour Jones contre Moore qui s’est permis de parler en bien de la période esclavagiste.

Il est vrai cependant que le candidat républicain cumulait tous les défauts : arrogance, moralité douteuse(il est accusé de pédophilie) et soutien de Trump. Le vent est-il entrain de tourner contre le milliardaire président ? Il est trop tôt pour le dire mais il ne séduit plus. Sa base est encore assez compacte mais des fissures apparaissent. Son stratégiste en chef Steve Bannon (qu’il avait limogé) est venu faire campagne pour Moore en pure perte.

Les Américains commencent, peut-être à prendre conscience de leur erreur monumentale en élisant un incompétent doublé d’un narcissique. Trump est une catastrophe pour l’Amérique car il ne respecte rien ni personne.

Le racisme qui est le soubassement de son action politique ne peut plus prospérer sur la longue durée car il est contraire aux intérêts bien compris des capitalistes. Tout simplement, sans ajouter les questions morales et religieuses. Bien sûr il y aura toujours des croisés des temps révolus mais ils seront vaincus. Doug Jones a montré la voix et son exemple est à suivre.