Un tour de célébration de sa victoire à la présidentielle, doublé de la réaffirmation de sa détermination à appliquer son programme électoral : tel a été le « marqueur » du premier discours du deuxième mandat de Trump devant le Congrès (Sénat et Chambre des représentants réunis).

« America is Back », martèle-t-il dès l’entame de son propos, pour préciser que le peuple l’a élu et qu’il fait le travail.

Il réitère ainsi sa volonté de respecter ses engagements électoraux, sans sourciller.

L’homme semble en forme et l’a prouvé en battant le record de durée d’un discours présidentiel au Congrès, en bouclant une heure et quarante-quatre minutes d’horloge.

Toujours très longuement applaudi par ses soutiens républicains, et ignoré par les opposants démocrates.

L’un de ces derniers, le député Al Green, va manifester bruyamment sa désapprobation et sera exclu de la salle.

D’autres opposants ont choisi des pancartes pour s’exprimer.

Rien de tout cela n’a démonté le locataire de la Maison-Blanche, qui a magnifié son bilan de 43 jours, résumé en décisions fortes, voire stupéfiantes :
Sortie de l’accord de Paris sur le climat
Départ de l’OMS (Organisation mondiale de la santé)
Retrait du Conseil onusien des droits de l’homme
Licenciement annoncé de centaines de travailleurs fédéraux
Gel de l’aide au développement
Déportation de centaines d’immigrés vers Guantanamo et des pays d’Amérique centrale et du Sud

Les décisions de taxer les produits canadiens et mexicains à 25 % et chinois à 20 % ont été confirmées.

L’Ukraine au pied du mur

Pour l’Ukraine, Trump avait déjà gelé l’aide américaine, avant son discours.

Le président Zelensky est au pied du mur et a annoncé qu’il était prêt à signer l’accord sur les terres rares, convoitées par Washington.

Il devra aller plus loin en acceptant « une démarche » vers la paix avec la Russie, pilotée par Trump.

Lors de sa violente « engueulade » avec le président ukrainien, à la Maison-Blanche, le président américain a fait remarquer à son hôte qu’il n’avait pas les cartes pour gagner la guerre et ne pouvait donc pas dicter quoi que ce soit.

Zelensky a vu rouge et a eu des écarts de langage inadmissibles.

Certes, il était l’invité, mais Trump lui a tenu un langage de vérité, tout simplement.

Trump a raison : cette guerre qui dure depuis trois ans est destructrice, aussi bien en vies humaines qu’en milliards de dollars, qui pourraient être mieux employés ailleurs.

Financer une telle guerre — que Kiev ne peut pas gagner — c’est essayer de remplir le tonneau des Danaïdes.

Il faut négocier et mettre fin au carnage et à l’hémorragie financière. C’est un langage de bon sens.

Les Européens parlent fort et défendent le principe moral qui voudrait qu’on ne laisse pas l’agresseur triompher.

Le problème est que la politique n’est pas la morale et que « la guerre est la continuation de la politique par d’autres moyens », comme l’affirme Clausewitz.

Le réalisme doit donc prévaloir pour un cessez-le-feu et des négociations fécondes, qui vont garantir la sécurité de l’Ukraine dans le futur, avec la participation forte des Européens.

La Russie ne peut être vaincue, mais elle sait ce que lui a coûté ces trois ans de guerre et que son intérêt est de faire la paix avec l’intermédiation de l’Amérique de Trump.

Envisager la levée des sanctions imposées au Kremlin est aussi une option lucide pour enraciner la paix dans le contexte actuel.

Que les Européens, qui poussent à une confrontation sans fin, mettent de l’eau dans leur vin, car leur économie n’est pas au mieux, pour leur permettre de soutenir, ad vitam æternam, un effort de guerre conséquent.

Trump bouscule l’Europe et rebat les cartes économiques

Trump est un rouleau compresseur, qui réveille brutalement l’Europe, endormie sous le parapluie de la défense américaine depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale.

Le déficit commercial des USA vis-à-vis du « Vieux Continent », qui se chiffre en dizaines de milliards de dollars, n’est plus acceptable pour un homme d’État doublé d’un homme d’affaires comme Trump.

L’UE et les autres pays européens qui n’en sont pas membres doivent regarder en face la nouvelle réalité géopolitique imposée par le président américain, qui défend avant tout les intérêts de son propre pays.

Ce qui est parfaitement compréhensible.

Trump s’attend à une guerre des taxes douanières, mais ne la craint pas.

Un de ses objectifs stratégiques est d’obliger encore davantage d’entreprises du monde entier à venir s’installer aux USA, pour y créer des emplois et éviter des taxes douanières insoutenables, imposées à dessein.

Les consommateurs américains auront, aussi, à payer le prix de cette augmentation des taxes, qui constitue un bras de fer implacable.

L’économie, c’est un ring.

Trump a déclenché les hostilités, sûr de sa force.

Mais, de manière ultime, c’est le Marché qui aura le dernier mot.