La gestion de l’angolais Gilberto da Piedade Verissimo à la tête de la Communauté économique des États de l’Afrique centrale (CEEAC) a plongé l’organisation dans une crise profonde. Depuis sa prise de fonction en septembre 2020, Verissimo, ancien général à l’armée angolaise, est critiqué pour ses décisions autoritaires et son manque de transparence. Il a mis en place des réformes brutales, réduisant les droits des fonctionnaires et opérant des recrutements douteux. Paradoxalement, il est également critiqué pour son inaction dans certains dossiers, prolongeant ainsi un vide juridique et étendant son propre pouvoir.

Des tensions internes ont donc émergé, exacerbées par un bras de fer entre le Gabon et l’Angola. La décision de suspendre le Gabon suite au coup d’État du 30 août 2023 a accru les tensions. Verissimo a également tenté de délocaliser le siège de la CEEAC de Libreville à Malabo, ce qui a suscité des inquiétudes parmi le personnel. Les commissaires de l’organisation ont exprimé leur mécontentement face au manque de consultation et à l’absence de transparence.

Des lanceurs d’alerte ont dénoncé des dérives, des violations des textes et des recrutements arbitraires. Verissimo est accusé de favoriser les intérêts de l’Angola au détriment de la CEEAC et de ses États membres. Malgré les critiques, il a persisté dans son projet de délocalisation jusqu’à ce que les États membres annulent finalement cette décision.

Une intrusion à la résidence de Verissimo a ensuite compliqué la situation, conduisant à des tensions diplomatiques entre l’Angola et le Gabon. Le 17 janvier, cinq personnes, dont certaines en treillis et portant des AK47, se seraient introduites dans sa résidence. Le lendemain, ce qui aurait pu rester une affaire privée prend alors une tournure diplomatique. Verissimo a envoyé une note verbale au gouvernement gabonais dans laquelle il dénonce de “graves incidents de sécurité”, un “cambriolage”, du “vandalisme” et des “menaces” à son encontre. Il demande à Libreville de garantir sa sécurité et son immunité diplomatique.

Le gouvernement angolais a également convoqué le chargé d’affaires gabonais pour lui faire part de son “profond mécontentement”. Quant au Gabon, cette séquence a été très mal perçue. “M. Verissimo se comporte comme un ambassadeur. Pendant plusieurs mois, l’agence immobilière lui a demandé de remettre les clés, ce qu’il n’a jamais fait. Depuis qu’il vit à Libreville, il a au moins vécu dans plus de cinq résidences, et les résiliations de contrats ont souvent été houleuses”, confie une source informée de cette affaire.

La crise persiste donc à la CEEAC, avec ce bras de fer entre l’Angola et le Gabon. D’après les observateurs, Verissimo pourrait être remplacé à la tête de l’organisation, devenant ainsi un fusible pour apaiser les tensions entre les deux pays voisins.