Le Tchad a décidé de réduire ses soldats déployés dans la force du G5 Sahel de moitié.

Ainsi, il ne restera plus que 600 soldats  pour épauler les contingents mauritanien, malien, nigérien et burkinabé.  

Ce choix se comprend car le pays de feu le Maréchal Déby, est confronté à des rebelles venus du Nord-ceux qui ont tué Déby Sr-etaux jihadistes de Boko Haram, plus déterminés que jamais, qui continuent d’assassiner dans tous les pays riverains du lac Tchad.

Ndjaména est donc sur deux fronts contre Boko Haram et contre les jihadistes dAqmi, de l’Etat islamique, et autres groupuscules  divers et variés qui se disputent l’immense zone sahélo-saharienne.

Les soldats tchadiens qui ont étalé leur bravoure et leur savoir-faire, ont aussi perdu beaucoup d’hommes et d’argent.

L’intendance ne suivait plus, malgré un appui renouvelé de Paris qui avait délocalisé son QG sur le territoire tchadien.

La mort brutale de Déby sr rebat les cartes et impose un changement de priorité.

Le nouveau régime de Déby jr doit d’abord consolider son  emprise, tout en rassurant la classe politique sur ses intentions de quitter le pouvoir après la transition fixée à 18 mois.

Il doit ensuite rétablir l’institution parlementaire, notamment sous forme de CNT (Conseil national de la transition, comme au Mali).

Et, assurer le bon fonctionnement de l’Etatdans le contexte de la Covid.

A l’évidence, les défis sont nombreux et l’engagement sahélien est relégué au second plan.

La France, elle-même a réduit la voilure de la force Barkhane, par réalisme  financier, entre autres considérations.

Maintenir des troupes et du matériel coûte très cher et le résultat est loin d’être garanti.

Joe Biden a tiré la leçon en Afghanistan et  décrété un retrait total des troupes américaines, après 20 ans de présence et 1000 milliards de dollars dépensés.

Le Tchad s’oblige au réalisme et comprend qu’il ne peut pas être le gendarme du Sahel.

Il a des militaires bien formés et courageux, mais pas les moyens de les déployer sur deux fronts, sur une durée indéterminée.

En vérité les interventions de troupes étrangères, sous toutes les latitudes ne peuvent être efficaces sur la très longue durée.

L’Histoire en donne d’innombrables  exemples, sur tous les continents, à toutes les périodes.

Cependant l’amputation du contingent tchadien va affaiblir le G5 Sahel qui n’arrivait pas à peser vraiment dans la lutte contre les djihadistes.

En outre, cela intervient à un moment de recrudescence des attaques terroristes dans  des pays très ciblés comme le Mali, le Burkina et le Niger.

Les assassinats de civils et de militaires ont lieu, maintenant, tous les jours.

La démoralisation des soldats va prendre des proportions dramatiques et va impacter négativement les populations.

Ces dernières paient le prix fort en vies humaines et pertes de lieux d’habitation, de terres de culture et d’élevage.

Il faut aussi savoir que les djihadistes se paient aussi sur la bête, en organisant toutes sortes de trafics : de migrants, d’exploitation de mines d’or, de fraudes douanières, de drogue etc.

On peut affirmer que c’est du « djihadismemultiservices », où les objectifs  religieux proclamés ne sont que des alibis.

C’est aussi pourquoi le combat contre ces terroristes, bandits de grands chemins semble sans fin, surtout sur un espace beaucoup plus grand que l’ensemble du territoire couvert par l’Union européenne.

Les Etats engagés, y compris la France n’ont pas les moyens d’éradiquer le fléau qui va demeurer tant que tous les pays démocratiques, conscients du danger, n’apportent un soutien conséquent aux Etats sur la ligne de front.

Et aux casques bleus de la MINUSMA, notamment.

Pour l’heure les djihadistes ont le vent en poupe !