Pour sa première visite, hors d’Afrique, le nouveau chef de l’Etat sénégalais, Bassirou Diomaye Diakhar Faye a choisi la France, l’ex -puissance coloniale.
Ce n’est pas un hasard car les deux pays partagent des relations historiques multiséculaires (les Français se sont installés à Saint-Louis en 1659) et, ont développé des échanges économiques dans de nombreux secteurs.
Cette réalité historique a couvé des crises horribles, mais aussi un brassage culturel et des relations de sang, si on peut dire.
Si partout le colonialisme a toujours été, une action de violence, de spoliation, de destruction et de pillage économique et culturel, de négation de l’humanité du colonisé, la durée historique complexifie la donne, plus dans certains territoires que dans d’autres.
Entre le Sénégal et la France il y a des connexions spécifiques « accouchées », entre autres, par le métissage biologique et culturel (concernant, notamment les habitants des quatre communes françaises que furent Saint-Louis, Gorée, Rufisque et Dakar, en 1884).
Celles -ci demeurent une donnée importante pour analyser l’évolution passée, postindépendance et celle qu’ouvre le chapitre de la « troisième alternance ».
Ce contexte particulier justifie et/ou permet de comprendre ce premier déplacement hexagonal du successeur de Macky Sall.
Malgré les propos aigres-doux des anciens opposants, devenus nouveaux gouvernants, rattrapés par la REALPOLITIK.
Il faut saluer cette mutation du discours et du comportement qui met en exergue les intérêts du Sénégal.
« Les Etats n’ont pas d’amis ; ils n’ont que des intérêts », affirmait le Général De Gaulle. A juste raison !
Donc, la mission du Président Diomaye est de passer en revue, avec ses hôtes français, les différents aspects de la coopération bilatérale et de souligner les questions sur lesquelles il souhaite une évolution, une rénovation ou une révolution.
Aucun sujet ne devrait être tabou, lorsqu’il s’agit de défendre, objectivement, les intérêts de son pays.
Sur certains sujets comme la présence militaire française, Macron a, pour ainsi dire, devancer, d’éventuels souhaits, du nouveau pouvoir Sénégal, en décidant de diminuer le nombre de ses soldats de 350 à 100.
Sur les « accords de défense », il appartient à Diomaye d’apprécier, en concertation avec le leadership de l’Armée de son pays (il est le chef suprême des Armées, comme l’est Macron en France).
Il y a, aussi de nombreux autres accords, dont ceux négociés sur la « double imposition », ou plutôt la non-double imposition.
A l’évidence, une seule visite ne suffira pas pour épuiser le grand dossier de la coopération bilatérale franco-sénégalaise.
Et il faudra laisser le travail aux fonctionnaires et experts des deux Etats qui feront des propositions que sanctionneront les autorités politiques.
Mais, communication oblige, Diomaye et son équipe pourraient vouloir « exhiber » quelque chose, à leur retour.
Une remarque : le contexte politique français où préparation des jeux olympiques et campagne électorale pour les législatives se télescopent, n’est pas des meilleurs pour favoriser des discussions sereines.
Le gouvernement Macron joue sa survie politique, à la suite d’une « expérimentation hasardeuse de dissolution de l’Assemblé nationale ».
Cette équipe gouvernementale française est dans une situation de faiblesse, parce qu’elle a la tête ailleurs, entre les nuages noirs des sondages et le grondement du tonnerre des bruits de bottes d’une extrême droite conquérante.
Et d’un « nouveau front populaire » dans une nouvelle dynamique unitaire.
Il est vrai que la date de la visite du nouveau président sénégalais avait été fixée, bien avant ce « séisme politique » déclenché par Macron, le président jupitérien.