26 œuvres d’art, symboles culturels et royaux du Bénin, vont être restituées par la France au peuple qui les a créées et, à qui elles appartiennent.

S’il faut s’en féliciter, il ne faut surtout pas s’extasier, car c’est juste une toute petite « réparation » qui est ainsi faite, une goutte d’eau dans un océan de rapines, de pillages, de crimes en tous genres, consubstantiels à la barbarie coloniale.

Macron est accroc au buzz et semble en faire un outil politique.

Mais, une analyse objective de ses actes permet de constater beaucoup d’effets d’annonce et très peu d’actes concrets.

Parce que, malgré la loi votée en 2020 pour permettre la restitution des trésors artistiques spoliés par les colonisateurs et qui sont finalement « tombés dans le patrimoine public français », la seule volonté politique ne peut dépasser des actes symboliques.

Comme celui de cette cérémonie organisée au Musée Jacques Chirac, avec la présence de Macron ?

Comme naguère, la restitution du sabre d’El Hadj Omar Tall au Sénégal.

Ou encore, acte plus osé, le rapatriement de 24 crânes de résistants (naguère décapités) en Algérie, au mois de juillet dernier.

Soit dit en passant, 18000 crânes (vous avez bien lu), étaient exposés au Musée de l’Homme à Paris.

Le débat philosophique et historique sur la restitution des trésors artistiques réveille un conflit des mémoires irréductible. Même si aujourd’hui, criminels colonialistes et victimes de leurs actes barbares, ne sont plus de ce monde.

Mais les héritiers sont bien vivants, avec au Nord, des possessions publiques et privées.

Un débat de fond, ne peut éviter les aspects les plus complexes, y compris ceux concernant la « propriété privée » d’objets culturels appartenant à des peuples tout entiers.

Ces « propriétés privées » sont filles de crimes innommables contre l’humanité et donc imprescriptibles.

L’Etat français actuel est-il prêt à aller jusqu’au bout de cette logique ?

Macron a-t-il les moyens politiques et juridiques d’aller plus loin que des actes symboliques cosmétiques ?

On peut en douter ; car le voudrait-il, il n’en aurait pas le temps, même s’il était réélu, pour un deuxième et dernier mandat.

Il a peut-être, le mérite d’avoir ouvert la boite de Pandore, emporté par l’élan de sa jeunesse et sa volonté de faire de la « com ».

On constate qu’il sautille d’un buzz à l’autre, pour essayer d’occuper le terrain médiatique, tout  en retardant l’annonce publique de sa candidature à la Présidentielle. Pour que ses temps d’antenne ne soient décomptés et que ses dépenses de campagne ne soient scrutées à la loupe.

Tout ce qui peut permettre d’alimenter cette stratégie est bienvenu.

Cela ne veut pas dire que Macron ne soit pas un partisan sincère de la restitution des œuvres d’art spoliées ; mais il ne peut pas ne pas avoir conscience des limites objectives de son action.

Même si son « sommet France-Afrique, sans les chefs d’Etat africains », interroge sur sa lucidité.

La volonté de faire buzz, en toute circonstance, crée l’addiction.

L’actuel locataire de l’Elysée est bien un politicien de son temps, qui cherche à tout cannibaliser pour continuer d’exister médiatiquement, en jouant des pieds et des mains pour rester en haut de l’affiche.