La Cour Constitutionnelle du Niger a validé la candidature de Hama Amadou à l’élection présidentielle du 21 février prochain. Elle l’est à l’instar de celles de quatorze autres personnalités. Parmi ces dernières on retrouve l’actuel président Mahamadou Issoufou, l’ex-président Mahamane Ousmane et du chef actuel de l’opposition Seini Oumarou.
Le hic est que Hama Amadou est toujours incarcéré depuis son retour d’exil volontaire d’un an en France le 14 novembre dernier. Il est accusé de « trafic de bébés ». Il bénéficie cependant de la présomption d’innocence, et est logiquement admis à se présenter devant les électeurs pour briguer la présidence de son pays.
Ce lundi 11 janvier la justice nigérienne doit se prononcer sur une nouvelle demande de mise en liberté déposée par les avocats du candidat prisonnier. Si elle était accordée, ce serait une surprise.
Toutefois la validation de cette candidature est déjà une victoire politique importante, et met mal à l’aise le régime Issoufou.
En toute logique, avec les candidatures de tous les poids lourds de l’opposition, le président Issoufou ne devrait pas s’imposer au premier tour et devrait être en grande difficulté au second.
Il est donc compréhensible que la situation politique soit très tendue actuellement au Niger.
Au moment où ces lignes sont écrites – le 10 janvier – une marche est prévue à Niamey, organisée par les opposants pour s’insurger contre les multiples atteintes aux libertés publiques et à la monopolisation des médias d’Etat par le pouvoir en place.
Issoufou, il est vrai, ne brille pas par sa volonté politique de rassemblement et d’ouverture démocratique. L’actuel président semble très frileux et déterminé à conserver son pouvoir par tous les moyens.
La tentative de coup d’Etat annoncée récemment paraît crédible mais les zones d’ombres demeurent. Dans tous les cas de figure, l’analyse veut qu’il soit symptôme d’un malaise politique réel.
La campagne électorale qui s’ouvre est grosse de bien des dangers. C’est pourquoi pouvoir et opposition doivent trouver un modus vivendi pour l’organisation d’élections libres, transparentes et démocratiques dans un climat apaisé.
Vouloir passer en force est un pari très risqué dans un pays actuellement fragile.
La Cour Constitutionnelle a dit le droit. Aux acteurs politiques d’agir de manière responsable pour consolider le système démocratique nigérien. Le défi est énorme mais à la portée des hommes et des femmes de qualité qui composent l’immense majorité des citoyens de ce pays si attachant.
Les dérives d’un passé récent devraient dessiller les yeux des uns et des autres.
Hama Amadou a obtenu le droit de compatir librement et il appartient donc aux citoyens de trancher pour la présidentielle entre des candidats qui sont sur le même pied d’égalité.
Les dossiers judiciaires peuvent bien attendre le temps d’un scrutin.