
Le premier ministre israélien se trouve à la place de l’arroseur arrosé, car ses cruautés indicibles, qui ont endeuillé des milliers de familles gazouies et qui devaient les réduire au silence et les pousser à l’exil, ont réveillé la conscience de nombreux peuples à travers le monde entier, dont les dirigeants ont fini par décider de reconnaître l’État palestinien.
En Occident, le courage et la persévérance, certes tardifs, du président Macron ont fait basculer le Royaume-Uni, le Portugal, le Canada, l’Australie et le Luxembourg, des pays réticents qui ont osé sauter le pas et reconnaître l’État de Palestine.
Ces pays, pour diverses raisons, notamment historiques et géopolitiques, ont beaucoup tergiversé avant d’agir, dans le respect du droit et des valeurs démocratiques qui consacrent l’égale dignité des peuples et leur droit inaliénable à l’autodétermination.
Les crimes barbares de Tsahal, perpétrés chaque jour à Gaza sur des civils — dont des femmes et des enfants, des bébés, des journalistes, des médecins, des membres d’ONG qui n’ont commis ni délit ni crime et ne sont coupables de rien — ont révolté toutes les personnes qui, simplement, respectent l’humain.
Comme tous les citoyens de tous les États du monde, y compris les Israéliens lucides et humanistes, ont été choqués par les bombardements des hôpitaux, la famine imposée aux familles — bébés compris —, les humiliations aussi, avec des bousculades organisées à dessein pour obtenir de la nourriture.
Ce sont ces actes horribles — pour tout dire, le génocide à ciel ouvert à Gaza — qui ont soulevé la colère partout, de l’Europe aux USA, de l’Afrique à l’Asie et ailleurs,
et accéléré les vagues de reconnaissance de l’État palestinien.
Aujourd’hui, plus de 150 États ont reconnu l’État de Palestine, proclamé officiellement depuis 1988 par Yasser Arafat, à Alger, au Club des Pins.
Cette nouvelle vague de reconnaissances a une haute portée politique, au moment où Netanyahou et ses alliés de l’extrême droite jurent d’éradiquer la présence palestinienne sur les terres historiques de ce peuple martyr.
Le mouvement en cours met en exergue l’impératif de mettre un terme aux aberrations coloniales qui perdurent dans le monde, aussi bien au Moyen-Orient qu’en Afrique et jusqu’en Océanie.
La colonisation est un crime contre l’humanité, qui a toujours favorisé les pillages de ressources, l’exploitation de la force de travail des colonisés et l’asservissement des peuples.
Une colonisation « light » est une fiction, et celle des territoires palestiniens par l’État hébreu est une vaste entreprise de spoliation, de réécriture historique, et donc de ce qu’il faut bien appeler un « crime civilisationnel ».
Aucune personne lucide, respectueuse des droits de l’homme, ne peut cautionner ou même tolérer les crimes odieux perpétrés quotidiennement à Gaza, qui, de prison à ciel ouvert, est devenue un cimetière où les corps sont ensevelis sous les gravats des immeubles écrasés par les bombes israéliennes.
Rien ne justifie cette barbarie, même pas les massacres du 7 octobre, qui ont fauché 1 200 Israéliens. À Gaza, les victimes dépassent déjà 60 000, décompte en cours.
Il ne s’agit pas d’une comptabilité de l’horreur, mais du constat d’un séisme moral qui a broyé la conscience humaine.
Comment admettre cela ? Le cautionner ? Rester silencieux ?
Comment suivre Netanyahou dans sa folie criminelle, que des centaines de milliers d’Israéliens dénoncent chaque jour jusque devant la maison du chef du gouvernement ?
Le sursaut des reconnaissances s’explique, et nul ne doit s’en étonner, car Netanyahou a dépassé toutes les bornes.