Donald Trump s’est récemment positionné comme un acteur diplomatique incontournable et inattendu sur la scène internationale. Il est présenté en « faiseur de paix » dans plusieurs crises géopolitiques majeures – et, plus encore, comme un prétendant sérieux au Prix Nobel de la Paix 2026. Portrait d’un homme politique au style hybride, combinant diplomatie traditionnelle, hard power, et business savamment orchestré.

Au coeur de sa stratégie diplomatique, Trump revendique un triptyque : négociation, démonstration de force, puis réciprocité commerciale. Il est crédité d’avoir contribué, en mai 2025, à apaiser les tensions explosées entre l’Inde et le Pakistan, culminant en un cessez-le-feu de quatre jours. Islamabad a officiellement nommé Trump « faiseur de paix », saluant sa « prévision stratégique » . Même si Delhi a nuancé son rôle, certains analystes estiment que son intervention a accéléré la désescalade .

Dans un autre registre, Trump affirme avoir négocié un accord entre Israël et l’Iran au terme de la « guerre des 12 jours », mettant fin à une escalade régionale agitant le Moyen-Orient. C’est ce que soulignent le représentant Buddy Carter et certains médias : « historic step that prevented a potential regional war ».

En pleine crise actuelle de Gaza, Trump a réitéré ses appels à un cessez-le-feu immédiat, soutenu notamment par Israël, l’Égypte et le Qatar . Il affirme pouvoir conclure un accord « en une semaine », misant sur ses réseaux diplomatiques et sa posture décomplexée.

Tel un businessman de l’exécutif, Trump ne dissocie jamais diplomatie et intérêts économiques. Son premier voyage dans les États du Golfe a été marqué par la signature de méga-contrats – plusieurs milliards de dollars supplantant l’achat d’armes et d’avions : illustration d’une géopolitique orientée vers l’enrichissement mutuel.

Les mêmes ressorts sont à l’œuvre en Afrique, avec la signature d’accords d’exploitation minière en Ukraine, au Rwanda et en RDC – à la clé, des retombées commerciales substantielles pour les entreprises américaines. Ce mélange de diplomatie traditionnelle, de « charme présidentiel » et de hard power commercial dessine une stratégie nouvelle, peu orthodoxe, mais cohérente.

Lors du dernier sommet de l’OTAN à La Haye, Trump a mis la pression sur les alliés européens pour qu’ils augmentent leurs contributions à 5 % du PIB. Surprenant triomphe diplomatique : à l’exception de l’Espagne, tous ont accepté, avec échéance à 2035 . Texte clair : la posture Trumpienne repose sur l’idée que la force militaire doit être soutenue financièrement par les alliés, quitte à recourir à la coercition douce.

 

Le front le plus délicat reste celui de la Russie et de l’Ukraine. Zelensky plaide pour le maintien sans faille des sanctions européennes et pour un soutien armé continu. Trump mise lui sur la diplomatie directe avec Poutine, mêlée à des piques cinglantes : l’avoir traité de « fou » a été une stratégie symbolique visant à diviser pour mieux négocier .

Dans ce cadre, l’annonce russe d’un projet de contraction budgétaire pour la défense pourrait être considérée comme un signe d’impact de la pression occidentale . Trump y voit l’opportunité d’un accord de paix, capitalisant sur les difficultés économiques et humaines – un angle réaliste, où économie, guerre et démographie convergent.

Pourtant, derrière le vernis triomphal, émergent des critiques sérieuses. Le Parlement pakistanais a exprimé un vif désaccord concernant son soutien apparent à Trump, au motif que ses frappes sur des sites nucléaires iraniens auraient violé le droit international . Plusieurs figures publiques, dont l’ancienne diplomate Maleeha Lodhi, ont appelé à retirer la nomination pakistanaise. L’Ukraine aussi a révoqué son soutien, frustrée par l’absence de pression effective sur le Kremlin .

Sur le terrain, le plan Trump de « prise en charge » de Gaza et de déplacement forcé des Palestiniens a provoqué un tollé diplomatique. L’ONU en particulier l’a qualifié d’« ethnic cleansing ». Il a néanmoins reçu le soutien, du moins verbal, de Netanyahu – même s’il demeure rejeté par une large part de la communauté internationale .

En route vers le Nobel ?

Aujourd’hui, Trump figure parmi les candidats officiels au Nobel de la Paix 2026, avec des nominés tels que l’Israélien Anat Alon-Beck ou Mazin Qumsiyeh . Il se retrouve aux côtés d’Anat Alon-Beck (pour Gaza), Asim Munir et le gouvernement pakistanais (pour l’Inde-Pakistan) ainsi que Buddy Carter (pour Israël-Iran).

Si Trump parvient à élargir son rôle de pacificateur – notamment en arrêtant les combats à Gaza et en parvenant à un véritable accord Moscou-Kiev – alors ses chances s’envoleraient. Il pourrait alors rejoindre la liste prestigieuse des lauréats américains, tels Roosevelt, Wilson, Carter ou Obama.

Donald Trump redéfinit la diplomatie : un mix audacieux de voyages amicaux, de « megadeals », de business efficiency, d’intervention militaire ciblée et de coups de communication. Il avance en terrain miné, entre alliances fragiles, critiques légitimes et défis diplomatiques inédits. Pourtant, il s’impose comme un sapeur-pompier de la géopolitique mondiale, capable d’éteindre des feux avec une efficacité féroce.

Son ambition est clairement affichée : décrocher le Nobel, en capitalisant sur un bilan qui, malgré ses zones d’ombre, recèle une cohérence stratégique affirmée – celle d’un président affirmant que la paix s’obtient en pesant avec détermination sur toutes les variables du pouvoir.