La Cour suprême du Sénégal a mis un terme définitif, mardi 1er juillet 2025, à toute velléité judiciaire de contester la condamnation pour diffamation dont fait l’objet Ousmane Sonko, en déclarant irrecevable son rabat d’arrêt. Cette procédure exceptionnelle, destinée à corriger un vice de forme imputable aux magistrats, visait notamment à soulever une exception d’inconstitutionnalité concernant l’article 260 du Code pénal – base juridique de la condamnation. Mais les plus hautes Chambres réunies ont jugé ce moyen introduit hors délai et l’ont considéré comme une simple tentative de pourvoi déguisée .
Le rejet du recours ne représente pas seulement une victoire formelle pour Mame Mbaye Niang, mais consacre le verdict initial : Sonko est condamné à verser 200 millions de francs CFA en dommagesintérêts, en plus des dépens, envoyant un signal fort sur la fermeté de la justice sénégalaise. Cette sanction financière peut désormais faire l’objet de mesures d’exécution forcée – saisies bancaires, saisies immobilières – si la somme n’est pas réglée dans les délais impartis.
Au delà des enjeux pécuniaires, la décision a des conséquences politiques majeures. L’inscription de cette condamnation au casier judiciaire de Sonko entraîne une inéligibilité automatique, couvrant toutes les élections – présidentielle, législatives, municipales – tant qu’aucun mécanisme effectif n’a effacé la condamnation. En refusant le rabat d’arrêt, la Cour suprême confère un verrou juridique irrévocable à son exclusion définitive du débat électoral.
Face à ce constat, deux options demeurent pour l’ancien leader de Pastef. La première relève du politique : seule une loi d’amnistie votée par l’Assemblée nationale pourrait effacer les conséquences de cette condamnation. Un tel geste supposerait un compromis politique significatif, complexe à obtenir dans le climat actuel. La seconde est d’ordre judiciaire : la réhabilitation, possible cinq ans après la condamnation et conditionnée au paiement intégral des sommes dues. Ce parcours reste lourd et semé d’incertitudes .
Le rejet du rabat d’arrêt en dit long sur l’évolution de la justice sénégalaise. Il est le signe d’un État de droit en consolidation, où les règles procédurales ne sont plus aisément contournées, même par des figures politiques influentes. Pour les partisans de la stabilité institutionnelle, c’est un gage de respect des règles et une victoire pour l’impartialité. La confirmation de l’irrecevabilité et de l’inéligibilité de Sonko constitue une bonne nouvelle pour le Sénégal : elle garantit que la compétition électorale se déroule dans un cadre juridique clair et équitable, sans que des recours tardifs ne perturbent la trajectoire démocratique.
Sur le plan électoral, cette situation ferme la porte à toute stratégie de retour par la petite porte. Les tentatives précédentes (dépôt tardif, recours devant le Conseil constitutionnel) avaient échoué faute de respecter la procédure, et cette fin de parcours judiciaire confirme que l’espoir d’un retour rapide est désormais éteint. Qui s’en plaindra ?
Ousmane Sonko a prouvé qu’il est tout sauf un Premier ministre compétent. Alors que sa gestion peine à produire des réformes tangibles et laisse planer un sentiment d’improvisation, il est indéniable que l’irrecevabilité de son rabat d’arrêt constitue une excellente nouvelle pour le Sénégal : Débarrassé d’un acteur politique inefficace , le pays peut désormais aspirer à un leadership réellement à la hauteur des enjeux nationaux .
La Cour suprême a tranché sans ambiguïté. Cet arrêt réaffirme la séparation entre politique et justice, en rappelant que nul n’est au dessus de la loi. Pour un Sénégal en quête de maturité démocratique, c’est un message net : la politique trouve ses limites dans le droit.